Accueil > Francais > Cinéma > « My Lady » de Richard Eyre (2017)
« My Lady » de Richard Eyre (2017)
samedi 22 juin 2024, par
Le Bal de l’actrice
Si tu ne sais pas quoi regarder, il reste Arte replay : il est matériellement impossible, même au cerveau le plus obtus, que de ne rien trouver sur ce site.
Distraitement, parce que ça ne méritait pas une attention soutenue, on s’est ainsi fadé « My Lady » de l’anglais Richard Eyre. Deux raisons valables au moins : l’exercice de la justice - souvent intéressant dans la fiction filmée - et Emma Thompson.
Cette dernière incarne une juge aux affaires familiales londoniennes, très occupée et préoccupée par l’exercice de sa fonction. Elle vit dans un confort matériel indiscutable, à la maison comme au bureau, on n’a pas les chiffres du budget accordé à la justice en Angleterre, mais ça a clairement une autre gueule que le JAF de Bobigny.
Les affaires traitées par notre sémillante magistrate sont aussi lourdes que médiatisées, l’exposant plus souvent qu’à son tour à la vindicte publique, comme aux heures supplémentaires et aux conflits de conscience.
Avec tout ça, elle en délaisse son époux de longue date (Stanley Tucci), qui lassé d’être la cinquième roue du carrosse, prend officiellement maîtresse, ce qui jette comme un froid dans le ménage.
Le plus réussi dans ce téléfilm de luxe réside dans cette exposition des affres : ceux de l’exercice pratique de la justice, comme ceux du couple vieillissant qui cherche à rebondir. Quand la chair n’est plus à l’ordre du jour, chacun trouve sa solution, elle dans le travail, lui dans une autre relation (mais qui s’additionnerait à son mariage, quand son épouse y voit un définitif casus belli).
Il y a bien une intrigue juridico-passionnelle, mais elle n’est guère passionnante et encore moins crédible, pourtant tirée d’un roman éponyme de Ian Mc Ewan, qu’il a même scénarisé pour l’occasion (« L’intérêt de l’enfant » - 2015).
En réalité, ce qui sauve ou porte l’ensemble, c’est son interprète principale. Chaque mot ou geste est incarné, ses humeurs et états d’âme sont restitués à la perfection. Alors que rien ou presque ne nous avait touché dans l’histoire, Emma Thompson parvient même dans un effondrement lacrymal à tout à coup nous bouleverser. On reprend certes vite ses esprits, mais tout de même, quelle actrice !
Sébastien Bourdon