« Le Mélange des Genres » de Michel Leclerc

A Dijon, une fliquette de choc, Simone (Léa Drucker), convaincue de ce qu’un groupement féministe - « Les Hardies » - aurait favorisé l’assassinat d’un mari réputé violent et violeur, s’infiltre parmi elles sous une fausse identité pour enquêter.

Obligée à des circonvolutions rocambolesques pour préserver sa couverture, elle accuse de viol un quidam pris au hasard, Paul (Benjamin Lavernhe), comédien raté mais mâle déconstruit exemplaire.

S’ensuivent évidemment diverses péripéties tragi-comiques du fait de cet injuste quiproquo.

Michel Leclerc (et sa coscénariste Baya Kasmi) ont toujours fait cinéma rigolo des travers et malheurs de l’époque. Ici, avec un certain courage, ils décident de rire des contradictions inévitables du mouvement #MeToo.

Toute révolution, même mue par une légitime nécessité de changement, produit ses incohérences et injustices, elles seront ici traitées avec un sourire bienveillant.

La capitale de la moutarde va servir de laboratoire sociologique du temps présent : ici comme ailleurs, c’est compliqué.

Porté par une jolie musique de Vincent Delerm (oui, c’est possible) qui se prend pour Vladimir Cosma, le film tente d’égratigner un peu tout le monde, ce qui en fait le sel.

Le projet était courageux, les sujets sont hautement inflammables, mais personne n’est vraiment méchant : les féministes sont bordéliques, les flics ne sont pas très futés et les artistes sont quand même un peu à la ramasse.

Quant aux péripéties, elles sont certes un peu tirées par les cheveux, mais Michel Leclerc s’en tamponne, nous faisant avaler avec le sourire les incohérences comme les soudaines envolées oniriques de son film.

Surtout, le casting impeccable parvient à glisser ça et là des émotions et inquiétudes, révélatrices de la complexité du réel.

Sébastien Bourdon