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« Les Cousins » de Claude Chabrol (1959)

mardi 1er avril 2025, par Sébastien Bourdon

Un autre monde

Monté à la capitale pour faire des études de droit, Charles (Gérard Blain) y retrouve son cousin Paul (Jean-Claude Brialy), qui se trouve être en tout son son exact contraire, et avec lequel il va cohabiter dans l’appartement de leur oncle (absent), à Neuilly sur Seine.

Quand Charles est à la fois honnête, romantique et travailleur, Paul est roublard, volage et fumiste.

Ce dernier, avec ses airs de Fu Manchu mondain, l’accueille dans un appartement spacieux, moderne, mais dont les trophées de chasse et les soldats de plomb trahissent un vieux monde pas tout à fait mort.

S’y donnent quasi tous les soirs des fêtes où se retrouve une jeunesse argentée et désœuvrée, travaillée par un hédonisme mortifère.

Ainsi de Paul, dandy malaisant, déguisé en soldat allemand, récitant dans la langue de Goethe au beau milieu de l’assemblée des fêtards.

Il y a donc comme une sourde menace sous les rires alcoolisés, la présence des armes dans l’appartement en accentuant l’augure.

Charles, provincial naïf découvrant la cruauté des mœurs parisiennes, est rudement plongé dans un bain acide et ne trouve rare réconfort qu’auprès d’un libraire (« Lisez Dostoïevski, il y a là-dedans tout ce qui vous tracasse »).

Pour son cousin Paul, le chagrin d’amour est une farce que l’on provoque et que l’on ne doit pas subir. Il déclare ainsi à un ami au cœur brisé : « j’ai une douzaine de proverbes pour te faire passer ça ».

Cette amère cousinade est le deuxième film de Chabrol, après « Le Beau Serge » (1958), où il avait employé les mêmes comédiens, dans des rôles extrêmement différents (dans l’un Brialy se rendait en province retrouver Blain quand c’est ici l’exact contraire).

Si ce n’est que l’on s’intéresse une fois de plus à la jeunesse, ce n’est déjà plus tout à fait la Nouvelle Vague, on y filme à peine « des gens qui marchent ».

Ainsi de ce décor impeccablement reconstitué en studio, avec quelques rares échappées au dehors.

Mais inventer au cinéma, ce n’est pas que question de forme, et le cinéaste avait déjà trouvé son ton, caustique et lucide, tendant un miroir à peine déformant à ses contemporains.

Sébastien Bourdon

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