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« Mikado » de Baya Kasmi
dimanche 13 avril 2025, par
Faire Famille
Tout commence par une course éperdue dans les vignes. Mikado (Félix Moati) panique, ayant découvert que son petit garçon était interrogé par un gendarme. On comprend donc tout de suite que le jeune homme n’est pas en règle et de manière générale inquiet à l’approche de l’autorité.
Enfant de la DASS, Mikado s’est fabriqué un foyer itinérant et marginal. Avec sa compagne (Vimala Pons) et leurs deux enfants, dans leur van brinquebalant, ils tracent une route, la leur, qui leur semble exemptée des scories de leur propre enfance.
Las, entre l’adolescence qui pointe chez leur fille Nuage (Patience Munchenbach), les soucis avec la justice et l’usure de leur véhicule, cette course aimante et éperdue touche à ses limites, si ce n’est à sa fin, et ils vont le découvrir, en étant accueillis pour quelques jours chez un professeur de français, père d’une jeune fille et veuf inconsolable (Ramzy Bedia).
Si Baya Kasmi a pour cette fois renoncé à l’humour, elle ne s’abandonne pas ici pour autant franchement au malheur.
Il y a un indice : le film baigne tout du long dans une lumière dorée : quoi qu’il arrive, il ne pleuvra pas, ou alors quelques gouttes, et on en profitera pour faire l’amour au grand air.
Ses personnages sont plein de failles et de fêlures, entre l’enfant de la DASS et le veuf se glissent des torrents de colère ou de larmes, mais aucune inquiétude jamais ne nous gagne, ça finira probablement bien.
La réalisatrice déborde d’affection pour son casting et cela se ressent peut-être trop : elle ne fera pas de mal à ses personnages, les événements même apparemment dramatiques nous précipitent vers un heureux dénouement, privant le film de l’âpreté qui pèse en principe sur l’éternelle damnation des enfants malheureux.
Le film ne trouve un ton réellement intéressant que lorsqu’il se déporte un peu de sa narration évidente : ainsi de Nuage qui peut disparaître aux yeux des autres, sans magie, ni trucage, avec une étrangeté gracieuse.
Pour un peu, on proposerait à la réalisatrice une adaptation d’un roman d’Edgar Allan Poe.
Sébastien Bourdon