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« Mondwest » de Michael Crichton (1973)

dimanche 2 avril 2023, par Sébastien Bourdon

Machine qui Rêve

Dans un futur proche et incertain, ont été créés des parcs d’attraction ultimes : dans des décors reconstitués estampillés « entièrement d’époque », il est loisible au touriste fortuné de vivre une expérience immersive totale. A l’aide de cyborgs pour faire les personnages, on peut vivre, selon son appétence, au Moyen Âge, dans la Rome antique ou au temps de l’âge d’or du western.

Nos deux protagonistes, blancs arborant tous les signes de la réussite sociale (James Brolin, Richard Benjamin) choisissent de devenir cowboys pour quelques jours. Difficile de ne pas voir dans un tel choix de loisirs qu’une survivance de petit garçon doublée d’un goût atavique pour la conquête et la prédation sans freins légaux ou sociaux (en somme boire, se battre et baiser).

Et effectivement, ils vont s’en donner à cœur joie, abattant en duels des cowboys aussi inoffensifs qu’impressionnants d’allure (Yul Brynner), et couchant avec des prostituées aussi jolies que béatement soumises (Ann Randall - par ailleurs Miss May 1967 dans Playboy).

Dans des univers parallèles du parc, des situations similaires se reproduisent en des temps médiévaux de pacotille comme dans une splendeur antique de carton pâte.

Toute cette fantaisie d’enfants gâtés ne tient que par la bonne volonté des robots, sortes d’intelligences virtuelles palpables, que durant la nuit contrôlent et réparent une armée de scientifiques et ingénieurs en blouses blanches, tout entiers dévoués à la civilisation des loisirs.

Ce metaverse pour de vrai va évidemment se dérégler sinon ce n’est ni drôle ni crédible. Cela donnera lieu à ce qu’il faut d’effroi et d’action pour donner une leçon à ces obnubilés du plaisir égoïste.

La révolte des robots narrée dans ce film a inspiré de nombreux films (une série récente en reprenant même la trame) au premier rang desquels le « Terminator » de James Cameron (1984). C’est même probablement et surtout le jeu implacable de Brynner qui a servi de modèle à Schwarzenegger pour son interprétation du monstre mécanique sans pitié.

On relèvera aussi dans cette brillante fantaisie d’anticipation une musique tout à fait originale, où entre des tentatives réussies d’atmosphères sonores liées aux décors, se distinguent des cordes dissonantes et frottées pour accompagner les scènes de poursuite de manière singulière, ajoutant à l’effroi (Fred Karlin).

Enfin, on se dit que cette vision d’humains débordés par l’intelligence artificielle ne perd pas franchement de sa force d’évocation en ce premier quart bientôt achevé du 21e siècle.

Sébastien Bourdon

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