« Mon Gâteau Préféré » de Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha

Tout commence par la description d’une solitude, celle qui avec la vieillesse gagne comme une gangrène la vie de Mahin, septuagénaire de Téhéran (Lili Farhadpour).

Veuve de longue date, dont les enfants et petits-enfants ont quitté le pays, elle pallie au mieux à son désert affectif par la cuisine et le tricot, essuyant quelques larmes devant des soap opéras qui meublent ses insomnies.

Il lui reste bien quelques amies, mais la distance, les transports et la santé vacillante réduisent à peau de chagrin les temps de retrouvailles.

Si sinistre que cet exposé puisse paraître, le ton du film relève au départ de la comédie, douce-amère certes, mais on rit. Et ce d’autant que la vieille dame ne renonce à rien et finit par réussir, une gageure dans un état islamique, à embarquer un homme chez elle (Esmail Merhabi).

Du même âge, blessé de guerre et taxi solitaire, revenu de tout, il se laisse charmer et guider par la rencontre. Et débute ainsi une soirée secrète - les voisins sont indiscrets et la police des mœurs veille - où les deux protagonistes vont se laisser à des joies qu’ils croyaient définitivement enfuies : rire, boire du vin, écouter de la musique et danser.

Évidemment, une love story empreinte d’un optimisme béat trouverait difficilement sa place en Iran, nous ne sommes pas à Notting Hill ou sur Hollywood Boulevard : s’aimer sans entraves n’est pas au programme dans un pays où l’on a décidé qu’il y avait une guerre entre les hommes et les femmes (et que les premiers l’avaient gagnée).

Le film laisse donc peu d’espoir, mais se refuse au renoncement, partager ne serait-ce qu’une soirée avec quelqu’un que l’on pourrait aimer est chose qui ne doit jamais se refuser.

Sébastien Bourdon