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« Miséricorde » d’Alain Guiraudie
vendredi 8 novembre 2024, par
La Montagne Magique
Après le dernier Ozon, voici venir un nouveau film automnal sortant au cœur de la même saison. Ce dernier est toutefois plus philosophique et tortueux, au risque d’être un poil abscons.
Dans un village de moyenne montagne, se présente un jeune homme aux yeux clairs (Félix Kysyl), venu pour l’enterrement d’un homme qu’il a connu. Ce dernier était le père de Vincent, un copain de collège avec lequel il a toujours eu des rapports ombrageux (Jean-Baptiste Durand, par ailleurs réalisateur de « Chien de la Casse »).
Sans attaches professionnelles ou sentimentales, il va loger chez la veuve (Catherine Frot), mais plus longtemps que prévu, et sa présence va générer des tensions au sein du microcosme villageois.
Un automne humide au ciel bas de plafond, entre chasse aux champignons et feuilles mortes, favorisera l’expression des pulsions (quand bien même elles resteront inassouvies).
Alain Guiraudie réalise des films qui ne se laissent pas dompter facilement, mais qui se regardent sans déplaisir. Celui-ci ne faillit pas à la règle : des mécaniques marquées par l’éros et le thanatos sont à l’œuvre chez les personnages, pas forcément lisibles et souvent imprévisibles.
En effet, flotte dans l’air humide un message philosophique, que détiendrait plus vraisemblablement le prêtre (qui fait peu cas de ses vœux), mais est-on certain de bien le saisir ?
Il ne faut toutefois pas se méprendre sur les intentions : le film, esthétiquement assez majestueux, est drôle. On sourit presque tout du long de l’incongru des situations et de ces êtres humains assez empêtrés et absurdes.
Et puis, que les choses nous échappent un peu au cinéma, comme dans la vie, ce n’est pas bien grave.
Sébastien Bourdon