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« Mesdames et Messieurs, Bonsoir » œuvre collective (It. 1976)

lundi 1er mai 2023, par Sébastien Bourdon

Télé-réalité

Construit sur le concept d’un défilé de programmes sur une chaîne de télévision, le film fait se suivre les séquences, avec pour grand ordonnateur Marcello Mastroiani, dans le rôle du présentateur du journal.

De nombreux réalisateurs prestigieux (dont Luigi Comencini, Mario Monicelli et Ettore Scola) ont uni leurs talents dans cette affaire, en s’adjoignant les services d’un casting pas moins notable : Marcello Mastroianni donc, mais aussi Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Andréa Ferreol, Nino Manfredi…

Farfelu et loufoque la plupart du temps, le film s’attaque néanmoins précisément et tous azimuts aux maux de la société italienne. La virulence cherche ainsi à peine à se dissimuler sous le rire parfois grinçant.

Dans l’ordre, l’indigence de l’information télévisuelle, le machisme atavique, la Police, l’armée, l’église… tout le monde en prend pour son grade et c’est le plus souvent hilarant.

La corruption généralisée est évoquée comme un virus - qui s’attraperait par un simple clin d’œil - mais dont la commercialisation du vaccin aurait été interdite du fait du risque élevé d’effondrement de l’économie et de l’ensemble des institutions du pays.

La politique mafieuse et prédatrice qui contribuerait à la scission de l’Italie - « Il y a deux sortes d’italiens : les italiens du nord qui vivent au nord et les italiens du sud qui meurent au sud » comme le disait Desproges - est illustrée dans une séquence violemment drôle : sur un plateau télévisé, de vieux édiles adipeux, sales et consanguins finissent par dévorer la reconstitution en 3 D de la ville de Naples.

Cet empilement de saynètes pourrait être décousu, mais finit par constituer un ensemble solide, aussi propice à la vibration des zygomatiques qu’à l’abattement devant tant d’abjection généralisée.

Sébastien Bourdon