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Maudits « Précipice »

vendredi 17 mai 2024, par Sébastien Bourdon

Into the Void

On ne juge pas une œuvre à sa couverture, n’empêche, l’emballage de l’objet ne trompe pas, il est beau comme ce qu’il contient. Gardant son identité graphique, Maudits ne se défait pas non plus de son identité sonore. Toujours pas de chant, et c’est heureux tant ce serait superfétatoire, mais des morceaux sinueux aux arrangements subtils.

A l’écoute du disque, tout semble si naturel et spontané que l’on pourrait croire à des compositions nées d’un unique geste transcendantal collectif. Il n’en est évidemment rien, si la musique se vit, elle se compose, et il y a clairement du boulot abattu derrière les notes.

Le groupe fait ainsi montre de son habituelle cohésion pour aller vers l’énergie et la beauté, glissant des couches de rythmes et de couleurs sur chaque composition, enrichissant et amplifiant l’ensemble mélodique.

Chaque nouvelle écoute donne ainsi l’impression que, depuis la précédente, le groupe est miraculeusement revenu ajouter à l’existant, quand en réalité la munificence est ici telle qu’il faut sans cesse sur la platine le disque reposer pour mieux l’appréhender.

Les morceaux sont parfois étirés, mais sans bavardage inutile : quand bien même on pourrait se lancer dans de longs développements, on ne sent que la volonté d’accomplir quelque chose de cohérent. Chaque minute est ainsi subtilement pesée (« Précipice – Part I et II »).

Selon les titres, les guitares peuvent se faire plus discrètes, voire acoustiques (« Lights End »), au profit d’un violoncelle, d’un clavier ou de percussions électroniques (jouées à la main !), le tout concourant à créer une atmosphère riche et délicate. On n’est pas dans la musique d’ambiance, tant tout ici peut vous interpeller et ne jamais vous laisser indifférent.

Mais, n’ayez crainte, Maudits n’est pas farouche ni rebutant, il se laisse aborder, pour peu qu’on lui laisse la liberté de jouer et le temps de l’écouter.

C’est un peu un lieu commun que d’associer le voyage et la musique, mais en ces temps où les longs courriers sont déconseillés, écouter ce disque vous offre un bien beau déplacement auditif et spirituel.

Sublimant une nouvelle fois l’emportement mélancolique, le trio ne faillit pas à ce qu’il a déjà créé et poursuit la construction d’une œuvre solide. Ce nouvel album est à son image : né de la conjugaison de leurs talents et de leurs individualités, mais aussi d’une générosité hors-norme que leurs prestations scéniques confirment invariablement.

Sébastien Bourdon

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