Maudits + Klone - Petit Bain, le 13 octobre 2024

Après une semaine particulièrement aquatique, nous voilà l’achevant sur une péniche, pour un concert « cordes en nylon et feu de bois ». Ça ira parfaitement avec la saison qui débute et ses premiers frissons et frimas.

MAUDITS est un trio - le meilleur du monde actuel - mais au gré des dates de concert, peuvent varier le nombre de musiciens et la nature des instruments (seul Olivier Dubuc - guitare - reste inamovible).

Cette fois, certes ils sont trois, mais leur batteur Christophe Hiegel est ce soir resté au stand pour vendre les disques et les - très beaux tee-shirts - remplacé qu’il est par un… violoncelliste (Raphaël Verguin). Un prêté pour un rendu, puisque ce talentueux musicien figure sur les albums du groupe et intervient régulièrement en live, surtout quand c’est un peu plus chic, genre dans une église, à l’opéra de Reims ou, comme ici, sur une péniche.

Si on y perd forcément en force de frappe, la musique de ces merveilleux garçons conserve sa mélancolie tortueuse. Tels des équilibristes sur les cordes, ils nous entraînent au bord de leurs précipices. Et la vue est sacrément belle.

Au deux tiers du concert, ils sont rejoints par une chanteuse, Mayline (événement dans un groupe strictement instrumental), pour une reprise de Portishead qui nous aura fait chialer sous le cuir et le teeshirt noir.

Vient ensuite KLONE, à la musique certes plus classique, au format type chansons, mais qui trouve de longue date une manière assez habile de transformer son art en une matière encore plus délicate en débranchant - un peu - les amplis.

Rompus à l’exercice, les cinq musiciens rivalisent ce soir de subtilités pour un rendu que l’acoustique du lieu ne dessert surtout pas.

Il en faut de l’expérience et du talent pour balancer une reprise de Soundgarden. L’exercice était d’autant plus périlleux qu’il s’agissait de leur morceau le plus célèbre, « Black Hole Sun » : on risquait le sirupeux massacre et on a eu la joie de chanter à nouveau tous ensemble, sans trahir feu Chris Cornell, ni notre jeunesse.

En sortant, j’ai rencontré trois dames qui étaient venues directement de Minneapolis pour voir Klone sur la scène d’une péniche sur la Seine : elles étaient enthousiastes et joyeuses, comme la soirée écoulée.

Sébastien Bourdon