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Mastodon + Mutoïd Man et Kvelertak

Casino de Paris le 13 février 2019

samedi 16 février 2019, par Sébastien Bourdon

Aqua Dementia

L’auteur de ces lignes n’avait pas mis les pieds au Casino de Paris depuis le mois d’octobre 1983, pour un concert d’Higelin. Évidemment, la salle semble aujourd’hui bien plus petite que dans mes souvenirs, mais on se revoit assis avec son père, en bas à droite, très impressionné.

Fin de la parenthèse nostalgique, revenons à ici et maintenant. Cette salle historique où le rouge profond domine est certainement un bien bel endroit pour une somptueuse affiche : une valeur sûre (Mastodon) accompagnée pour l’occasion de quelques jeunes loups du metal contemporain (Mutoïd Man et Kvelertak).

En passant devant le stand du merchandising, on constate que le tee-shirt estampillé métal donne un indice inflationniste inquiétant, illustrant au passage assez bien ce qu’il y a de pourri au royaume du rock n’ roll : avec Mastodon écrit dessus, il atteint maintenant les 35 Euros quand il n’en coûtait que 30 à peine plus d’un an avant (40 Euros le tee-shirt pour femme, la « taxe rose » sans doute).

Très énervés et joyeux, les sautillants Mutoid Man investissent la scène. Ce sera court et ça ira très vite, le trio misant sur une option simple : tout à bloc, tout à fond.

Les norvégiens de Kvelertak leur succèdent, ce qui permet de faire connaissance avec leur nouvel hurleur, Ivar Nikolaisen. Si son prédécesseur, Erlend Hjelvik, était du genre costaud, ce dernier est tout maigre. Du lion, on est donc passé au rat (du coup moins lourd à porter quand il saute dans la fosse).

Si talentueux soit ce jeune homme, on regrette quand même le précédent frontman, parce qu’un mec qui arrivait sur scène avec un masque de hibou, c’était chouette.

Le groupe conserve une sacrée attitude scénique, ne serait-ce que parce que trois guitares, c’est du sérieux. Et puis, cette capacité à concentrer en des titres ramassés le meilleur du rock n’ roll : accélérations black metal temporisées par des riffs hypnotiques, soudainement zébrés de guitares à la tierce comme sorties de Thin Lizzy ou de Lynyrd Skynyrd (« Berserkr » !!!).

Mastodon entre en scène sur les notes de « Singing in the rain », mais ce qui va suivre ne sera pas exactement du même tabac. En tout état de cause, le groupe n’usurpe pas son patronyme, tant leur prestation est immédiatement énorme, d’une puissance sidérante.

Effectivement, et sans que cela ne soit jamais démonstratif, les musiciens jouent énormément de notes, qui tombent tel un déluge sur les spectateurs.

Le manque d’air dans les morceaux (et entre les morceaux, car on enchaîne sans temps morts) est compensé par le dynamisme permanent des interprètes. Rien ne se pose, tout évolue, serpente, en évoquant le plus souvent rien de moins que les typhons ou les tremblements de terre. Telles des créatures fascinées par la toute puissance de la nature, nous ne trouvons aucun abri, aucune échappatoire, obligés de suivre, le corps tremblant, les oreilles grandes ouvertes et le cerveau en ébullition.

Toutefois, ne voyez pas dans Mastodon un groupe de geeks qui causerait surtout dragons et gnomes. Ces garçons qui ont tous dépassé la quarantaine ont eu leur lot de peines et souffrances et savent combien les accidents de la vie provoquent des tempêtes sous crâne à même d’être sublimées par la musique la plus intense qui soit. Et c’est sans doute de là que tombent les pierres mélancoliques qui se détachent de ce mur sonore.

« Mountains of despair I can see the pain It is written all over your face  » (« Crack The Skye »).

Ces accalmies instrumentales ou mélodiques ne font évidemment que fugaces apparitions avant que nous ne soyons plongés à nouveau dans le maelström. Ce concert, conclu par le sauvage « Blood Mountain  », nous aura une fois de plus donné à voir un groupe toujours plus grand et plus généreux. Seul regret, l’absence de Scott Kelly qui constitua une bien belle friandise en rappel la fois précédente.

Sébastien Bourdon

« And you were slipping away
What do I say to you ?
What do I say to you ?
And if I want you to stay
What do I say to you ?
What do I say to you ?
 »

« Ember City »

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