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« Mandibules » de Quentin Dupieux

dimanche 30 mai 2021, par Sébastien Bourdon

La Mouche (qui pète)

Les tables de la loi de l’humour cinématographique édictent un premier principe : la vitesse. De Lubitsch à Louis de Funès en passant par Jim Carrey et les frères Farrelly, il faut que ça débite et que ça fuse pour que l’on rit franchement. Jean-Paul Rappeneau a théorisé là-dessus, et revendique ne cesser de garder ça en permanence à l’esprit : c’est ainsi qu’il aurait transformé «  La Vie de Château » (1966) en chef d’œuvre, en coupant au montage tous les ralentissements.

Quentin Dupieux prend le parti pris inverse : il réalise des films certes courts, mais qui se déroulent lentement. C’est audacieux puisqu’il y expose une forme de crétinerie crasse plongée dans l’absurde, parfois teintée d’une sourde inquiétude. Les Charlots chez Luis Bunuel en quelque sorte. Et pour peu qu’on soit ouvert, ça marche, une indiscutable magie opère, film après film (même si ici on ne tutoie pas les sommets de son précédent long-métrage, « Le Daim » - 2019).

Deux abrutis patentés (Grégoire Ludig et David Marsais), bien installés dans leur parfaite nullité, se voient confier une mission absconse de remise de valise à un certain Michel Michel.

Dans un paysage du Midi ensoleillé commence ainsi une errance au volant d’une Mercedes pourrie. Le plan de départ est très vite interrompu par la découverte dans le coffre dudit véhicule d’une... mouche géante qu’ils entreprennent de domestiquer pour gagner de l’argent.

A ce stade du scénario, comment ne pas être fasciné par un réalisateur qui se lève un beau matin et se dit : je tiens un film avec ce pitch.

La suite des péripéties de nos deux loustics soudainement pris de passion pour la diptérologie est évidemment dénuée de toute logique. Il faut le voir pour, si j’ose dire, le croire.

Deux mots de conclusion toutefois : on relèvera d’abord le surgissement à l’écran d’une Adèle Exarchopoulos proche du génie et que l’on n’imaginait ni là, ni comme ça.

Ensuite, comment ne pas aimer les films de Quentin Dupieux : il réussit à être drôle dans l’audace formelle et esthétique et ce sans frime, ni esbroufe.

Sébastien Bourdon

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