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« Licorice Pizza » de Paul Thomas Anderson

samedi 22 janvier 2022, par Sébastien Bourdon

Much Ado About Nothing

Paul Thomas Anderson se regarde filmer et il semble que cela plaise. Pourtant, on a beau immanquablement essayer, on n’y arrive point : il nous apparaît comme un cinéaste talentueux qui, sous un vernis impeccablement appliqué, fait surtout des films sans intérêt (quand ils ne sont pas franchement déplaisants, comme « Phantom Thread » - 2018).

Le phénomène était particulièrement prégnant avec « There Will Be Blood » (2007) où la volonté acharnée de produire des effets d’image et de mise en scène était usante (mais au regard de l’enthousiasme suscité, il faut croire que c’était efficace). S’illustrait derrière la caméra un jeune cinéaste finalement conservateur dont l’ambition première était de produire à son tour des films estampillés « Nouvel Hollywood » quand ce temps était pourtant passé.

Aucune tentation donc de renverser l’existant chez ce virtuose, si ce n’est par des scénarios décousus et improbables. « Licorice Pizza » en est l’archétype, le sommet de son creux : les sentiments des personnages n’existent pas, leurs comportements n’ont pas d’explication cohérente, il s’agit seulement de nous les asséner comme évidences.

Pour ce faire, Paul Thomas Anderson est - et il ne le sait que trop - d’une habileté confondante : s’il nous bouscule un peu par sa narration foutraque, il nous caresse sans répit par une direction remarquable d’acteurs (tous impeccables), une photographie aussi mélancolique que léchée, et une bande-son chatoyante et irrésistible (The Doors, Bowie, Macca etc.).

Plus gênant, la moralité sous-jacente à l’œuvre : jeune homme, si tu veux tomber les filles, deviens auto-entrepreneur. Et accessoirement, pour une jeune femme, il semble que l’émancipation passe par la capacité à conduire un 38 tonnes en marche arrière.

Tout cela serait sans importance si le film n’était pas en plus exagérément long. La légère migraine en sortant peut expliquer cette absence d’entrain, mais à chacun de ses films, le phénomène se répète et on reste discordant dans le concert de louanges.

Sébastien Bourdon

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