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« Les Nuits de Mashhad » d’Ali Abbasi (2022)
jeudi 5 décembre 2024, par
L’étrangleur de Mashhad
Au début des années 2000, dans la ville Iranienne de Mashhad a sévi un tueur en série. Sa seule obsession morbide était de nettoyer les rues des prostituées qui les arpentaient, considérant leur présence inacceptable au sein d’une des villes les plus importantes du chiisme.
Le film ne fait rapidement pas mystère de l’identité du tueur, un ancien combattant, maçon et père de famille. Cette rapide révélation ouvre une première partie, uniquement concentrée sur la recherche de l’assassin. L’enquête est menée par une police guère finaude, supplée efficacement par une journaliste déterminée (Zar Amir Ebrahimi).
On épargne peu le spectateur durant cette première heure haletante, les crimes étant filmés sans faux-semblants et le suspens insoutenable.
On relèvera ici un esthétisme proche de Michael Mann, mais dans un univers infiniment plus misérable et poussiéreux, qui semble imprégner les âmes corrompues qui le peuplent.
La deuxième partie du film se focalise sur le procès et sur ce qu’il révèle d’une société Iranienne gangrénée par l’obscurantisme religieux.
C’est aussi glaçant que le début, mais cette fois plus que par ce qu’il décrit d’une violence patriarcale endémique que par ce qu’il montre frontalement, jusqu’à la dernière minute.
Le film avance certes avec de gros sabots un peu lourdement démonstratifs, mais son propos n’appelle pas franchement l’évitement : il faut le voir pour le croire.
Sébastien Bourdon