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« Les Enfants des Autres » de Rebecca Zlotowski

vendredi 30 septembre 2022, par Sébastien Bourdon

Les Femmes et les Enfants d’abord

Rachel (Virginie Efira) à la quarantaine bien entamée et tombe amoureuse d’Ali (Roschdy Zem), père d’une petite fille quand elle-même, d’enfants, est dépourvue. La naissance du sentiment amoureux est très joliment filmée, l’invasion de l’âme et du corps, la jolie surprise de la soudaine dépendance à la présence de l’autre. Très vite, ces deux là s’aiment énormément : les gens heureux n’ont pas d’histoire, et heureusement ça se complique un peu.

Très éprise, Rachel souhaite rencontrer l’enfant d’Ali. Sans la vampiriser, elle s’attache farouchement à la petite fille, avec ce que cela génère nécessairement de petites blessures et humiliations. Et finalement, c’est ce plus dans son existence qui va révéler un vide en elle, non pas qu’il préexistait, c’est simplement que de cette situation il va naître.

Femme libre et passionnée, être nullipare ne lui posait en effet pas de problème, mais cet attachement nouveau la fragilise. Les enfants sont cruels et la vie ne l’est pas moins.

Il est en effet difficile de se faire une place dans une famille qui, même décomposée, préexiste et existe toujours et dans laquelle elle pourrait être condamnée à faire de la figuration à une place mouvante et fragile. Alors elle rêve quand il est déjà presque trop tard d’enfanter elle-même et de solidifier ainsi cette cellule qui est devenue son horizon.

Ce joli film ne cantonne certainement pas la femme à un être incomplet au prétexte de n’avoir point enfanté. Rachel est une femme bien dans ses baskets, accomplie professionnellement, avec une famille aimante etc. Elle ne se croyait certainement pas - et à juste titre - pouvoir être réduite à ça, mais se découvre une peine inattendue, qui la ramène à des traumas anciens.

Elle n’est donc pas réduite à un désir de mère, les enfants des autres, ce sont aussi ceux qu’elle forme au lycée, avec implication et affection.

Ce film sensible et sans affèterie dans sa manière de montrer des gens et une époque, ferait presque penser à Claude Sautet (d’ailleurs, dans les scènes de groupe, les gens fument). C’est un joli portrait de femme comme le réalisateur avait pu le faire avec Romy Schneider. Il en est d’ailleurs pour trouver que l’on voit trop Virginie Efira : elle dispose pourtant - comme l’illustre autrichienne précitée - d’une palette impressionnante de jeu et d’une présence lumineuse à l’écran.

Sébastien Bourdon

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