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« Les Émigrants » d’après W. G. Sebald, mise en scène de Krystian Lupa - Théâtre de l’Odéon

jeudi 25 janvier 2024, par Sébastien Bourdon

Dua Lupa

Intense expérience que ces plus de quatre heures passées à l’Odéon, pas vraiment une promenade pour les pieds tendres de l’art vivant.

L’œuvre dure, mais on ne se disperse pour autant pas tellement pendant la pièce, s’agissant d’un diptyque : deux histoires extraites du roman « Les Émigrants » (1992) de l’auteur allemand W. G. Sebald.

Cette adaptation a bien failli ne pas voir le jour, le metteur en scène Krystian Lupa s’étant fait retoquer son projet par divers théâtres (Genève, Avignon et Strasbourg), ses exigences se mariant semble-t-il mal avec les moyens qu’on entendait lui offrir.

Parce que dans cette mise en scène il y a quand même une magie immédiate et qu’elle est le fruit d’un sacré travail : on sait dès que va commencer la pièce qu’on est là pour longtemps, mais très vite on se sent au-delà de cette seule limite physique et temporelle, tant est forte l’atmosphère créée. On est dans ce qui se passe sur scène, même si on ne le saisit pas toujours.

Le décor, sorte de ruine d’une vaste villa, ne bougera pas, tout en changeant sans cesse, au gré des lumières et du mobilier, passant de la salle de classe d’une ville de province allemande à Jérusalem, pour finir en hôpital psychiatrique.

Ces changements s’organisent lorsque tombe sur la scène un voile translucide sur lequel sont projetés photographies et films, complétant le propos théâtral par le cinématographe.

Planent sur tout cela de noires dépressions, écrasant des personnages errant dans la violence du siècle, ne sachant comment se défaire de malédictions familiales comme de l’atmosphère de crime qui ensanglante l’Europe.

Errants dans la nuit d’une voix monocorde, ils parlent jusqu’à épuisement, cherchant quelque chose qui justifierait de rester vivant. On se perd parfois dans ce dédale de l’histoire et de la pensée, mais ça n’en fait pas moins un sacré voyage.

Sébastien Bourdon

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