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« Les Algues Vertes » de Pierre Jolivet

lundi 31 juillet 2023, par Sébastien Bourdon

Plongée en Algues Troubles

Adapter la bande dessinée au cinéma est un exercice devenu courant, et parfois même par ses propres auteurs (Marjan Satrapi, Joann Sfar etc.).

Ici, l’exercice cinématographique se double d’une difficulté : l’ouvrage dont il est question était documentaire, et même engagé, s’agissant d’une enquête fouillée sur le désastre écologique que sont les tristement célèbres - et même mortelles - algues vertes bretonnes.

Inès Léraud avait mené cette investigation, mise ensuite en image par Pierre Van Hove. S’agissant du film, elle conserve un rôle de scénariste, aux côtés du réalisateur Pierre Jolivet.

Le livre était essentiellement factuel, tenant à l’écart les détails autobiographiques de l’auteure, mais le film incarne plus le propos, nous faisant également partager la vie intime de cette dernière.

Si tous les aspects passionnants et instructifs de cette enquête sont conservés, cette vision rabâchée de la petite vie de couple de la journaliste présentée comme exemplaire et idyllique est essentiellement pénible et surabondante (« Oh ma chérie, tu as encore trois copies à corriger, mais tu es si belle, viens que je t’embrasse et épluchons des légumes bios ensemble pendant que je t’explique les méfaits du système productif instauré insidieusement en France par le Plan Marshall, tout en caressant ce merveilleux chien que tu nous as trouvé »).

Lorsque l’on sait qu’Inès Léraud a coécrit le film, cette hyper valorisation de soi devient alors parfois franchement embarrassante à regarder. Il ne manquait plus qu’à prendre pour interprète une actrice athlétique (Céline Salette) et la plonger gracieusement dans l’eau froide de la Manche pour achever cet autosatisfecit et, spoiler, cette scène se reproduit à plusieurs reprises.

Il est regrettable pour un film au message essentiel, et plutôt bien mis en scène et photographié, que de gâcher ainsi son propos : la dénonciation et la lutte contre des phénomènes de pollution humaine absolument pas contrôlés pour de basses raisons économiques et politiques.

On recommandera donc plutôt la bande-dessinée, elle dépouillée de ces oripeaux personnels, et éventuellement l’activisme, il semble que cela finisse par payer.

Sébastien Bourdon

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