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« La Cache » de Lionel Baier

mercredi 19 mars 2025, par Sébastien Bourdon

Cellule Familiale

Librement adapté de l’ouvrage du même nom de Christophe Boltanski (confessons ne pas l’avoir lu), le film nous narre les aventures d’une famille guère ordinaire au cours d’une période qui ne l’est pas moins, le mois de mai 1968.

La France du Général de Gaulle s’apprête à se craqueler violemment et c’est essentiellement de leur domicile que l’on va suivre les « événements ».

Quatre générations de juifs originaires d’Odessa se côtoient dans l’appartement de la rue de Grenelle : tous fantasques et inquiets, occupant des activités aussi diverses que celles de médecin, sociologue, linguiste ou artiste, sans cesse réunis au cœur de ce réacteur familial.

Si le film semble d’abord se faire sous le regard du petit garçon planqué chez ses grands-parents - ses parents étant occupés à faire la Révolution - mais les choses ne sont pas si tranchées, puisque le réalisateur intervient aussi en voix off, nous interpellant directement.

Le gamin sera néanmoins le fil conducteur, toujours ou presque dans un coin du cadre, ouvrant et fermant le film.

Pour raconter les péripéties de cette famille, le réalisateur prend le parti esthétique de conserver jusque dans les formes la fantaisie de ses personnages. Le film montre et même adopte le ton et le style de ce temps de changement.

Ainsi de la bande dessinée de Franquin qui, par sa modernité de ton (Gaston Lagaffe) et de trait (explosion de la « ligne claire »), prépare au changement. Au sein des coquets appartements parisiens, comme dans le magazine Spirou, surgissent la couleur et les robots ménagers.

L’image poursuit l’évocation de cette forme, refusant le réalisme, mais sans esquiver le fond du sujet, les drames traversés par ces juifs russes au 20ème siècle.

Ainsi, de ce lieu secret qui donne son nom au film, qui est à la fois espace physique, mais aussi mental, rappel de la toujours possible obligation de se dissimuler, profondément ancrée chez le grand-père (Michel Blanc, dans ce qui sera son ultime tour de piste).

La fantaisie continue des personnages donne un charme indéniable au film, mais réside peut-être là aussi sa faiblesse : à être tout le temps exceptionnels, ils sont un peu désincarnés, réduits à des figures, et peinent alors à porter le propos.

Sébastien Bourdon

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