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« Black Dog » de Guang Hu

dimanche 16 mars 2025, par Sébastien Bourdon

Chiens perdus sans collier

Été 2008, une Chine triomphante dans le cœur des nations s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques d’été.

Au même moment, aux portes du désert de Gobi, revient en ville un repris de justice, Lang (Eddie Peng), du genre taiseux. Son voyage en car est interrompu par une horde de chiens errants, ces derniers provoquant un accident qui annonce la prégnance de ces animaux sur l’histoire à venir.

En effet, la cité est essentiellement réduite à des immeubles à l’abandon, ou sur le point de l’être, où rôdent les canidés, dans une promiscuité plus ou moins paisible avec les humains.

Ville en déshérence certes, menacée par l’avancée du désert, mais pourtant promise à un avenir capitaliste radieux, si l’on en croit ce que serinent les haut-parleurs dispensant la bonne parole aux habitants. Mais pour y parvenir elle doit, justement, faire table rase de ces bestioles à quatre pattes, sans distinction.

Se monte alors sur instruction des autorités une brigade à laquelle, pour faire bonne figure auprès des forces de l’ordre, s’enrôle Lang, toutefois guère motivé à l’idée de priver de liberté des animaux qui n’ont pas choisi leur sort.

Il finit même par recueillir celui après lequel tout le monde court, nouant avec lui une relation particulière (le fameux chien noir qui donne son titre au film).

La très forte identité de l’œuvre se dessine immédiatement par sa photographie, comme polie par le vent de sable, et par la manière elliptique de raconter une histoire qui, pour sociale qu’elle soit, a quand même tout du conte (ainsi des menaces qui pèsent sur le protagoniste, incarnées dans un boucher éleveur de serpents).

En effet, les événements se déroulent dans une atmosphère de fin de monde, propices à des visions éthérées. La violence file toujours rapidement hors champ, le réalisateur préférant et de loin s’attarder sur de longs développements narratifs visuels et esthétiques, à la frontière ténue du rêve et de la réalité en cette géographie presque irréelle.

Esthétiquement extrêmement fort, le film souffre seulement de quelques longueurs, peinant notamment à s’achever, comme d’un rêve dont il serait difficile de s’extraire.

Sébastien Bourdon

P.S. : Sinon, pour les mélomanes, il y a un piège : le film porte un titre extrait du catalogue de Led Zeppelin, mais on y entend… du Pink Floyd (rarement, car peu de musique, mais le surgissement de « Hey You  » est assez irrésistible).

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