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« Le Mohican » de Frédéric Farrucci

samedi 1er mars 2025, par Sébastien Bourdon

Éloge de la Ruralité

Le film s’ouvre sur un vieillard qui solennellement déclare, en corse dans le texte : « ils sont tous devenus fous sur la côte ».

Joseph (Alexis Manentin) est éleveur sur l’île de Beauté, un gars du genre taiseux, comme on l’est souvent dans cette contrée.

La terre sur laquelle paissent ses chèvres est rare, puisqu’il est le dernier à ne pas travailler en montagne, mais au bord de la mer.

Ce positionnement exceptionnel pour une activité somme toute rustique attise évidemment des convoitises, d’aucuns voyant dans ces lieux - pourtant protégés, mais tout se négocie - la possibilité de faire une opération spéculative immobilière juteuse.

Alors quelques nervis, au sourire de façade lourd de sous-entendus, rendent régulièrement visite au berger afin de le convaincre poliment, mais fermement, de vendre sa terre, seul qu’il est à ne pas l’avoir fait.

Têtu comme une mule, il persiste dans son attitude butée, entraînant un drame l’obligeant, les tueurs aux fesses, à prendre le maquis (dans la grande tradition corse).

Alors qu’il tente d’échapper à la mort, sa nièce Vannina (Mara Taquin), via les réseaux sociaux, contribue à faire de lui, sans qu’il le sache, un héros du peuple, résistant à la mafia et à la corruption qui gangrène, ici comme ailleurs, la Corse.

Cela pourrait être un polar, mais les lieux et les enjeux politiques font plutôt de ce très beau film un western, dans la plus pure acception du genre : lorsque surgissent les barbelés sur la prairie, un homme libre se dresse soudain et affronte les ennemis du peuple.

On pourrait taxer le propos d’être un peu schématique dans un territoire complexe, mais la situation est celle-là, un peu partout : le profit avant tout, et ce que tente de faire Joseph, c’est une ZAD à lui tout seul, une étincelle qui provoquera le grand incendie.

Sa fuite, telle celle d’un Rambo mais au physique plus banal, finit par prendre les allures d’un conte au cœur de la beauté ébouriffante des paysages corses.

Son souffle court au milieu des pierres et des plantes, son acharnement presque absurde, porté par la magnifique musique de Rone, prend des allures fantasmagoriques, amenant le film vers une indéniable poésie, sans cesser d’être éminemment politique.

Sébastien Bourdon

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