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« A Real Pain » de Jesse Eisenberg

dimanche 9 mars 2025, par Sébastien Bourdon

Hail to the Freak

Deux jeunes quadras, cousins juifs new-yorkais, saisissent l’opportunité d’un voyage organisé en Pologne, terre de feu leur grand-mère adorée, pour se retrouver et passer un peu de temps ensemble.

L’ambition de ce voyage est grande : il faudra aborder un territoire et un passé aussi inconnus que traumatiques, tout en tentant de retrouver un peu de leur complicité abîmée, et se demander si on a le droit d’être malheureux quand on descend de survivants.

On ne saurait imaginer deux hommes plus dissemblables que nos protagonistes, et s’il est évident qu’ils furent très forts à l’enfance, les liens se sont largement distendus avec le temps, quand bien même l’affection réciproque serait intacte.

David (Jesse Eisenberg) est bien établi, marié, un enfant, un job dans la publicité sur Internet inintéressant à souhait - mais rémunérateur -, quand Benji (Kieran Culkin) semble assez peu cadré, Zebulon agité et mélancolique vivant encore dans le sous-sol maternel.

La distance entre eux en réalité n’est pas si grande, David est névrosé et inquiet, quand Benji dissimule le gouffre en lui par une attitude parfois solaire.

Si l’on rit sous le climat estival polonais, le titre n’est pas trompeur, la souffrance est partout, transpirant des humains, et comme inscrite sur les vagues ruines subsistantes d’un peuple massacré.

D’aucuns savent la contenir, prendre une distance analytique, ce qui n’est pas le cas de Benji, de surcroît aussi soucieux de se manifester auprès des autres qu’incapable de les côtoyer vraiment. Et tout cela sous le regard de son cousin David, le surveillant comme une casserole de lait sur le feu.

Entre ruines fantomatiques de ghetto et camp de concentration, se glisse beaucoup de drôlerie douce-amère (et pas mal de Chopin), manière pudique et élégante d’évoquer l’irrésistible douleur du titre.

On quitte Benji avec dans son regard quelque chose qui évoquerait la chanson des Beatles :

« Boy, you’re gonna carry that weight,
Carry that weight a long time
 »

Sébastien Bourdon

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