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« Le Parfum Vert » de Nicolas Pariser

jeudi 12 janvier 2023, par Sébastien Bourdon

Les Mystères de l’Est

Ce n’est pas si fréquent que d’assumer immédiatement et pleinement des références visuelles aussi précises, sans être même parodique. Ainsi, dès l’ouverture du film, le chignon de Kim Novak dans « Vertigo » d’Hitchcock (1958) semble revenir d’entre les morts (ce qui était d’ailleurs l’exact propos du film d’Alfred).

Un peu plus tard, après un assassinat sur scène qui aurait aussi bien pu se produire dans « Les Sept Boules de Cristal » (Hergé - 1948) le protagoniste (Vincent Lacoste) est enlevé dans des conditions évoquant furieusement celles de Cary Grant dans « La Mort aux Trousses » (1959).

Si l’on ajoute que tout cela est mis en forme façon « Ligne Claire », il nous a été difficile de ne pas être enthousiaste dès les premières secondes.

Et ce d’autant que dans la demeure où est séquestré notre jeune héros, les murs sont tapissés de planches originales de Raymond Macherot. Si vous n’avez pas lu ces essentiels de la littérature - et c’est dit sans ironie - que sont « Chlorophylle contre les Rats Noirs » (1954) ou « Zizanion le Terrible  » (1958), on en est terriblement désolé pour vous.

Voilà pour la drôle d’atmosphère du film et il n’est pas interdit de s’y sentir bien et en bonne compagnie, tant et évidemment Lacoste et Kiberlain sont tout à fait formidables (leur duo a un potentiel comique d’excellente tenue, il serait dommage de ne pas les réunir à nouveau).

Dans une intrigue d’espionnage assez classique, nos duettistes vont devoir affronter une redoutable organisation d’extrême-droite tentaculaire et impitoyable, appelée « le parfum vert » (on dirait du Gaston Leroux).

Pour l’exotisme, on ne dépassera pas Bruxelles (forcément, la capitale de la BD) et Budapest, mais pour ce qui est de l’aventure et des péripéties, on n’en manquera point.

Enfin, Nicolas Pariser, s’il ne quitte guère le ton de la comédie, avec finesse, évoque en filigrane la menace réelle et continue de l’antisémitisme, toujours à même de faire vaciller une Europe vue comme un « espace intellectuel ». Nos deux sympathiques enquêteurs ashkénazes sont gouvernés par l’inquiétude et le soupçon, terriblement conscients de ce que les paranoïaques aussi ont des ennemis…

Certes, le film n’a peut-être pas la rigueur de la précédente réalisation de Pariser - « Alice et le Maire » (2019) - et souffre de quelques ralentissements, mais l’élégance continue de la forme et du fond, comme la drôlerie de l’ensemble, confirment le talent de ce metteur en scène.

Sébastien Bourdon

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