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« Le Lycéen » de Christophe Honoré

dimanche 11 décembre 2022, par Sébastien Bourdon

Teenage Wasteland

On s’excuse par avance auprès des admirateurs de Christophe Honoré - dont j’ai tendance à faire partie - mais là, on n’y a point trouvé son compte.

Lucas (Paul Kircher), jeune savoyard de 17 ans à l’homosexualité balbutiante mais établie, affronte le traumatisme de la disparition de son père dans un accident de la route (apparition fugace de Christophe Honoré dans le rôle du géniteur).

C’est un monde sans femmes, à l’exception de la mère courage (Juliette Binoche), devenue brutalement veuve, portant comme elle peut ce nouveau statut et la peine de ses deux fils.

Le corps du géniteur à peine enfoui, Lucas part quelques jours avec son frère ainé (Vincent Lacoste) à Paris, avant de reprendre le lycée. Ces quelques jours auront un parfum de « lost weekend » durant lequel le jeune lycéen se perdra dans des égarements sexuels et amoureux, comme pour exorciser la mort du père.

L’enterrement, la fuite parisienne puis le retour à Chambéry forment un triptyque menant à la possibilité de lendemains plus apaisés, mais en passant par des moments bien douloureux.

Christophe Honoré visite son passé et se dépeint en jeune homme, d’ailleurs tout le monde est habillé comme dans les années 80, même si l’action se déroule de nos jours.

Hélas, si le même exercice de retour sur soi s’était révélé particulièrement réussi au théâtre (« Sous le Ciel de Nantes »), c’est ici bien plus laborieux et nettement moins audacieux sur le plan formel quoi qu’ait pu en dire une presse extatique (il est vrai que ce réalisateur a un peu la carte).

Le premier tiers du film, fort bien écrit, probablement la partie la plus réussie, souffre d’une caméra tremblée qui donnerait presque une sensation de nausée marine alors que ça se passe à la montagne.

Surtout, il faut vraiment aimer les adolescents pour supporter en continu la présence à l’écran de Lucas. On n’a pas souvent si bien incarné l’égocentrisme propre à ce moment de la vie, bravo à l’acteur, mais c’est pénible à endurer et on est en parfaite empathie avec son grand frère lorsqu’il finit par lui coller des baffes. Il faut peut-être aimer beaucoup cet âge ou l’avoir bien vécu pour goûter complètement les deux heures que comptent le film.

On nous reprochera peut-être un manque de cœur ou de l’insensibilité, mais après le Bruni-Tedeschi, on a drôlement envie de voir le cinéma français nous reparler d’adultes.

Sébastien Bourdon

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