« Le Deuxième Acte » de Quentin Dupieux

Poursuivant son discours métaphysique, protéiforme et cinématographique, Quentin Dupieux s’attarde cette fois au plus près des acteurs. Le décor est ainsi réduit à sa plus simple expression : la campagne en automne et un vague restoroute paumé, portant le nom du film.

Se tourne en ces lieux un film en longs plans séquences, au cours desquels les comédiens tentent de jouer leur texte, mais humain trop humain, ils débordent et s’égarent.

Sommes-nous dans un film dans le film, avant de basculer dans un autre ? Qui est réellement chacun : des acteurs qui s’efforcent d’interpréter, des connards ambitieux et egotiques, des têtes célèbres qui ne seraient que des poupées russes cachant mille personnes sans jamais se révéler ?

Maîtrisant comme toujours son propos, si absurde soit-il (quoique), Dupieux en profite aussi pour se moquer de l’époque - qui le mérite bien.

Plus que des temps qui courent, c’est du septième art lui-même qu’il se gausse, - disséminant ça et là quelques piques comiques sur la mort du cinéma, la police du langage, l’IA et le ras-le-bol des actrices.

Cette propension à interroger le réel à l’image, permet de vérifier par la caméra que le cinéma a encore des choses à dire.

Avec sa déclaration d’amour au cinéma par la mise en abîme, y ajoutant comme toujours l’inquiétude en embuscade, Dupieux sort une fois de plus du lot, phénomène d’autant plus fascinant qu’il en est maintenant à le reproduire deux fois par an.

Sébastien Bourdon