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« La Vérité » de Hirokazu Kore-eda

mardi 14 janvier 2020, par Sébastien Bourdon

Dans ce film, dans une indéniable mise en abîme, la plus grande actrice française joue le rôle... de la plus grande actrice française. C’est donc sans grandes difficultés apparentes que Catherine Deneuve campe Fabienne, actrice aussi caustique que rude.

Le japonais Kore-eda a connu un beau succès - mérité - il y a peu avec « Une Affaire de Famille ». Le voilà donc externalisé sur nos terres pour une expérience radicalement différente : après les exclus au Japon, les élites occidentales à Paris.

L’exercice est périlleux, tant il n’est pas rare qu’un artiste perde de son acuité en posant son regard loin de ses bases, surtout si ledit ailleurs est objet de fascination. Et quoi de plus lourdement cinéphile que Paris, sa bourgeoisie locale, Catherine Deneuve et forcément, le spectre de la Nouvelle Vague.

Toutefois, si les populations et lieux diffèrent, le cinéaste se penche à nouveau sur la famille et ses contrariétés. La fille - Juliette Binoche - délaisse New York quelques jours pour Paris et emmène sa fille et son mari - Ethan Hawke - rendre visite à sa mère à l’occasion de la sortie de l’autobiographie de cette dernière.

Le scénario dans son principe est on ne peut moins original, à base de réunion de famille un peu cruelle dans une grande et belle demeure. On croirait un film de Desplechin ou Assayas, avec moins d’aspérité et une cruauté un peu émoussée, plus drôle que piquante.

On peine donc à trouver quoi que ce soit de japonais sauf à imaginer qu’il y ait une démarche zen à filmer autant et aussi joliment les arbres et les feuilles mortes (et les tortues).

Il y a bien des enjeux émotionnels, mais ils sont comme escamotés, et simultanément alourdis par de trop grosses ficelles signifiantes. C’est la maladie contemporaine que de tout vouloir nous expliquer, comme si l’on était devenu incapable de comprendre tout seul les motivations des personnages, ou mieux encore d’accepter qu’elles ne trouvent pas forcément de justifications toutes faites.

Au surplus, le film rate un peu ce qui aurait pu le rendre plus intéressant, en se contentant de grosses ficelles autour de l’influence de la vie sur l’art. Restent d’assez exceptionnels numéros d’acteurs et surtout d’actrices, Deneuve et Binoche en tête.

Sébastien Bourdon

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