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La Guilde des Mercenaires « Riposta - Canti Mercenarii » - Abbaye aux Dames (Saintes), le 20 juillet 2023

jeudi 20 juillet 2023, par Sébastien Bourdon

On pourrait appeler ça le Hellfest des parents, puis on se souvient que passé un certain âge, tout ce qu’on fait ne caractérise plus franchement la jeunesse (à laquelle on n’appartient soi-même d’ailleurs plus depuis belle lurette).

Il est probable que l’on soit venu ici pour la première fois il y a plus de trente ans, se constituant une partie restée inaltérable de son éducation musicale, et pas seulement parce qu’on trouvait aussi un intérêt à suivre les circonvolutions des jeunes bénévoles en robe d’été.

La population est restée la même, majoritairement blanche et chenue, des vagues successives de mélomanes vieillissants dont on espère que la descendance sera au rendez-vous. Parce qu’il serait vraiment dommage que cela s’efface tant ce qui est ici offert et depuis tant d’années est d’une qualité exceptionnelle.

Le mouvement baroque (n’ roll) reste pertinent et frais, d’ailleurs les artistes sont jeunes et enthousiastes.

Ainsi de cette exceptionnelle journée italienne du 20 juillet, ouverte par un ensemble appelé « La Guilde des Mercenaires ». Rien que le nom était évocateur comme un livre d’aventures ou un film de Spielberg, voire un groupe de viking metal. Ça valait donc la peine d’y emmener la dernière tranche de sa descendance, ne serait-ce que pour faire baisser la moyenne d’âge.

Ils étaient cinq sur scène avec des instruments entièrement d’époque et c’était envoûtant comme une petite musique contemporaine ne pouvant plus vieillir puisque hors d’âge. Leur heure de jeu nous a littéralement transportés entre le seicento et le présent immédiat, avec quelques détours mélancoliques dans nos songes (partitions de Monteverdi, Grandi, Bovicelli, Donati, Gabrieli…).

Souriant et enthousiaste, le sémillant Adrien Mabire (direction et cornet, plutôt « cornetto » puisque musique italienne) distille sourires et précisions didactiques, nous permettant même de sortir de l’abbaye plus sachants qu’en y entrant : ainsi, on est à même de vous dispenser un cours sur les différences entre le cornet à bouquin - « cornetto a bocca » - et le cornet muet - « cornetto muto ». Ça ne servira pas à grand chose, mais ça a fait notre joie.

Au milieu de ce remarquable spectacle fut interprétée une berceuse religieuse pour voix (Violaine Le Chenadec, soprano) et viole de gambe (Manon Papasergio), basée sur une mélodie minimaliste et épurée de deux notes. Le terme divin n’était pas galvaudé, quand bien même on douterait fortement de son existence.

Sébastien Bourdon