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« La Ciociara » de Vittorio de Sica (1961)
mardi 30 juillet 2024, par
Chi Lo Sa
Rome, 1943 : terrifiée par les bombardements incessants, Cesira (Sophia Loren), une jeune commerçante fraîchement veuve, décide d’emmener sa fille dans le Latium, sa région d’origine, pour retrouver les siens et un semblant de paix.
D’un tempérament jovial, affrontant le sort avec une énergie toujours intacte, elle parvient à faire face à l’adversité pour rejoindre sa terre natale, se défiant de tous les obstacles en ces temps troublés et dangereux.
Le film, s’il n’esquive pas le lourd contexte historique, débute avec l’entrain de sa protagoniste, femme libre et déterminée. C’est la légendaire bonne humeur italienne, mariée à une sensualité exceptionnelle.
Le personnage de Cesira se définit aussi dans sa maternité (la « Mamma » dans toute sa splendeur), mélange d’inquiétude et d’affection démesurées à flots continus.
Les questions sociologiques sont abordées finement, qu’il s’agisse du poids de la religion, comme du fascisme, au moment où ce dernier s’effondre. Le jeune Michele (Jean-Paul Belmondo) incarne un timide espoir, d’autant plus qu’il est lui-même renfrogné : celui de la paix et d’un partage plus juste des richesses dans une société fondamentalement inégalitaire et archaïque.
La différence de classes (et les particularismes régionaux, spécialité italienne) est criante, les paysans du Latium vivaient au milieu du 20e siècle comme dans le tiers-monde, rendant plus criantes les inégalités sociales.
Adapté d’un roman d’Alberto Moravia, lui-même inspiré par des événements d’une incroyable férocité, le film aborde sa troisième partie par un basculement dans la violence, quasi inattendu lorsque l’on ne sait rien de l’œuvre et de son contexte.
On sort du film quelque peu tétanisé, mais une fois de plus impressionné par cette époque bénie du cinéma italien, d’une créativité bouillonnante et porté, à l’instar de son héroïne, par une vitalité exceptionnelle.
Sébastien Bourdon