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« La Chevauchée de la Vengeance » de Bud Boetticher (1959)

jeudi 5 mars 2020, par Sébastien Bourdon

Poor Lonesome Cowboy

En entrant dans la salle de droite, j’ai croisé Isabella Rossellini qui sortait de celle de gauche. On peut dire que la séance commençait sous les meilleurs auspices (les siens en l’occurrence, puisqu’elle parraine le festival « Toute la Mémoire du Monde » dans le cadre duquel était programmé notre film).

Comment illustrer la solitude ? On peut la peindre au milieu de la foule, mais l’homme solitaire en CinémaScope, c’est également assez efficace, ce qui n’a pas échappé à Bud Boetticher.

Le film s’ouvre sur un paysage semi désertique, avec un mouvement ascendant qui permet de découvrir, un personnage entre les rochers au loin. La caméra, si elle s’élève, ne s’approche pas, c’est lui qui vient. Ce que nous ignorons c’est que ce qu’il cherche est derrière nous, en l’occurrence un criminel que le chasseur de primes Brigade (Randolph Scott, hiératique) vient arrêter.

Ce qui le fait ainsi traquer sans relâche ce jeune assassin n’est en réalité pas l’argent, mais la vengeance et comme toujours, elle se mange froid. Les motivations du héros se révéleront progressivement, dans un développement narratif classique, mais fort bien mené.

Mais ce n’est pas là ce qui fait la valeur et la notoriété (chez les spécialistes) de ce film. C’est probablement d’abord et avant tout cette maîtrise du cadre. Chaque plan est un petit chef d’œuvre. Usant du panoramique et de toutes les possibilités du CinémaScope, y ajoutant la munificence du Technicolor, la caméra de Boetticher nous capture l’œil sans cesse. De poursuites ou fusillades en plein jour en introspections nocturnes, le film ne cesse d’être beau.

Ramassé - à peine une heure et quart - il semble aussi paradoxalement prendre le temps, s’accordant de longs développements, creusant au plus près les rapports entre ses protagonistes, ne les laissant pas comme des figures fantomatiques au milieu de nulle part (à l’exception des pauvres Mescaleros, éternelle chair à fusil indienne).

Même l’unique personnage féminin, sorte de Marylin un peu cheap (Karen Steele), se révèle bien plus complexe et forte que les traditionnelles figures féminines des westerns de l’époque.

Seuls les méchants, dont un jeune Lee Van Cleef, restent un chouïa caricaturaux, mais c’est le genre qui ici le veut.

Surtout, on notera ce souci de décrire des hommes aussi libres que décidés, que nulle fatalité ne frappe, n’étant comptables que de ce qu’ils choisissent de faire.

Sébastien Bourdon

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