« L’iris Blanc » de Fabcaro et Didier Conrad

Comme quelque chose qui n’en finit pas de finir tout en ne cessant de recommencer, chaque année ou presque, persiste à sortir en librairie un nouvel album des aventures d’Astérix.

Pourtant, ses deux créateurs sont morts, et Goscinny (texte) depuis belle lurette même (1977). L’avidité des héritières diront les mauvaises langues maintient l’entreprise à flots et il s’en vend à chaque fois des palanquées, sans que l’on regarde forcément à la qualité.

Ceci posé, quand Uderzo s’est mis à faire tout tout seul (à partir de 1980 donc), ce fut probablement la pire de toutes les époques, cela ressemblait plus à des soins palliatifs qu’à un renouveau.

À l’inverse, ce dernier parti ad patres à son tour en 2009, si l’écriture retrouvait un semblant de vivacité (Jean-Yves Ferri), c’est le dessin qui était un peu à la traîne (Didier Conrad).

Pour ce dernier opus, changement d’auteur avec l’arrivée de Fabcaro, auteur multitâches - du roman, au théâtre et à la BD - et probablement plume vivante la plus à même de renouer avec le génie humoristique de Goscinny.

Sur ce plan là, on n’est pas déçu, ça fuse, les jeux de mots latinisants sont presque aussi goûtus que ceux de son prédécesseur. Le scénario n’est pas en reste, même si la trame est par ailleurs assez classique, voire déjà vue.

Surtout, l’idée de se gausser du développement personnel, outil affable de domination capitaliste auquel nos irréductibles gaulois vont devoir évidemment résister, se révèle aussi drôle que pertinente.

Seul reproche, l’album s’inscrit peut-être trop dans une contemporanéité immédiate : même si c’est fait avec talent, cela condamne peut-être cet épisode à une obsolescence programmée dont n’ont pas trop souffert les albums réalisés par Goscinny et Uderzo.

Se pose ensuite la question de la décision de faire d’une œuvre éminemment personnelle une institution, mais chacun se fera ici son idée.

Sébastien Bourdon