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« L’amant de Cinq Jours » de Philippe de Broca (1961)
lundi 13 mai 2024, par
It’s Complicated
Si de Broca est le cinéaste de l’emballement et de la gaieté, il y a toujours eu dans son œuvre un fond d’une profonde tristesse (cf. Le final déchirant de « Cartouche » - 1962). On fait semblant de rien, on joue la légèreté, mais c’est pour essayer de glisser au plus vite sur la gravité des choses et le tragique de toute vie.
Ici, l’absurdité de nos existences gouverne jusqu’au sinistre, quand bien même, comme dans toute bonne comédie, tout va vite. Dans ce film au fond, tout le monde a peur, de l’ennui comme du vieillissement, de tout ce qui nous rappelle trop à la condition de mortel.
Dès le début, Antoine (Jean-Pierre Cassel) est d’une légèreté frisant l’odieux, tout séduisant soit-il. Alors qu’il assiste au défilé de sa compagne (Micheline Presle), il en profite pour lourdement en séduire une autre (Jean Seberg), qui évidemment fond pour l’efficace beau parleur, toute mariée qu’elle soit. Il s’avère que cette trahison de sa concubine est d’autant plus cruelle que la jeune conquête est une de ses proches amies.
Georges, son mari (François Perier) étant occupé la semaine, ils se voient tous les jours, sauf le week-end (d’où le titre, identique à celui du roman de Françoise Parturier). L’amant c’est l’imaginaire, érotique notamment, le mari c’est le réel, et aussi grande que subsiste l’affection, on s’y ennuie quand on n’y souffre pas.
Tout film de Philippe de Broca étant une course, après un développement au romantisme échevelé, le réel rattrape les protagonistes, ne serait-ce que parce que les amants mentent et se mentent.
Mais peut-on survivre sans imaginaire ? Et c’est ainsi que le film ne vieillit pas, ni dans son ton, ni sur le fond.
Et c’est aussi ce qui fait que l’on pardonne à l’héroïne pourtant bien légère et cruelle, car comment en vouloir à celle qui se refuse à cesser de rêver. Ne lâche t’elle pas à son amant un soudain « tu n’y crois plus !? », exclamation qui semble s’inquiéter autant de la fin des illusions que de la mort du sentiment. Cesser d’y croire, une véritable tragédie.
« Mais l’amour est un mensonge, une bulle, quand elle touche terre, c’est fini »
Sébastien Bourdon