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L’Ordre des Choses

"Il a déjà tes Yeux" de Lucien Jean-Baptiste

samedi 18 février 2017, par Sébastien Bourdon

"Il a déjà tes yeux" de Lucien Jean-Baptiste

Emmener ses enfants au cinéma, surtout quand ils sont d’âges de de tailles variables, suppose, en parent raisonnable, d’opérer une sélection préalable de ce qu’il leur sera donné à voir.

Pour cela, il y a déjà belle lurette, on a inventé la presse écrite, et plus récemment un robinet à images qui bougent, YouTube, qui permet de visionner ne serait-ce que les bande-annonces. Pour se faire une idée n’est-ce pas.

Sur un coup de tête ou un coup de cœur, ayant bien ri au visionnage, on s’est dit que cela justifiait le déplacement dans notre remarquable, et comme tel souvent justement vanté sur ces lignes, cinéma de quartier.

Il faut également préciser que nous avions goûté sans déplaisir au charmant et tous publics "La Première Étoile" (2008) du même Lucien Jean-Baptiste. Il semblait donc que s’offrait là une œuvre cinématographique adaptée au cadet (11 ans et, miraculeusement, toutes ses dents).

Le film est porté par une idée de scénario habile et sympathique, puisque narrant l’histoire peu banale de banlieusards noirs qui adoptent un enfant blanc. Le couple est déjà en soi mixte puisque Monsieur (Lucien Jean-Baptiste) est martiniquais quand Madame (la très belle et très juste Aïssa Maïga) est d’origine sénégalaise.

Cette idée se révèle plutôt drôle et pertinente dans une France de 2017 qui semble encore tiraillée entre l’attachement viscéral à des schémas classiques surannés et une nécessaire adaptation au réel. Le film tente, sur ce seul postulat, de rester pertinent et drôle tout du long.

Las, hormis quelques passages franchement hilarants, tout n’est pas forcément à la hauteur des enjeux, et se révèle en réalité bien timide, le film ne se risquant jamais à être franchement caustique ou provocateur.

Lucien Jean-Baptiste trahit d’ailleurs assez bien ce manque d’ambition, trop réservé et sobre au regard de ce qui tombe sur la tête de son personnage au gré des rebondissements. Seul un hilarant et foutraque Vincent Elbaz apporte au film un petit côté provocateur et hilarant : "Non mais ils ont fumé quoi à la DASS ?!"

La représentation de la famille sénégalaise maternelle se révèle également assez sensible, car est plutôt bien présentée, sans mépris et avec compréhension, la potentielle difficulté culturelle que représente l’arrivée d’un enfant blanc dans une famille noire.

Quant à Zabou Breitman, elle campe avec une justesse et un naturel parfait une fausse bonhomie, comme seule sait en offrir parfois l’administration française.

L’ambition affichée n’est donc pas forcément à la hauteur de ce qui se déroule à l’écran, mais, une certaine élégance dans le propos, quelques scènes comiques assez réussies et un soudain pic dramatique, sauvent ce film mineur et modeste d’une mièvrerie certaine.

Existent-ils de vrais bons films familiaux vantant une morale républicaine et humaniste à la portée de tous ? Sûrement, et je laisse le soin aux lecteurs de se faire sa propre liste, au gré de ses souvenirs (le concept ne fait pas rêver le cinéphile cela dit). Pour le reste, et vous l’aurez compris, vous pouvez emmener votre progéniture voir celui-ci.

Sébastien Bourdon

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