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In Memoriam : Will Mecum (Karma to Burn)

vendredi 30 avril 2021, par Sébastien Bourdon

Le 29 avril 2021, Will Mecum, guitariste de Karma to Burn, est mort. « Mort accidentelle » dit-on dans les médias. Les nôtres de médias, il est évident que la disparition de ce musicien n’agitera pas grand monde hors de la presse spécialisée.

Le 23 avril 1997, notre fanzine « Soundsmag », à l’époque imprimé à la main, nous avait ouvert les portes de Canal +. Les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent pas savoir, mais entrer en ces lieux à la fin du vingtième siècle pour interviewer un groupe, c’était rien de moins que le Graal, un aboutissement dans nos vies. Karma to Burn débutait et nous on était jeunes.

A l’époque, le groupe n’était pas encore tout à fait instrumental et un roadie venait poser sa voix éraillée sur quelques titres. Cela ressort clairement de leur prestation du même jour à Nulle Part Ailleurs (visible sur YouTube) : le trio se suffisait amplement à lui-même, et il fit bien de se cantonner ensuite à la guitare-basse-batterie.

Pour le reste, on les a interviewés : ils étaient souriants, on était un peu timides, forcément un peu écrasés par l’événement, engoncés dans les canapés de la chaîne cryptée (cf. Photo). Ils m’ont dédicacé leur album que je conserve évidemment comme une relique.

Quelques jours après, à l’Arapaho, les musiciens nous ont vus et reconnus (!) et proposés de les rejoindre backstage. Le Graal de la précédente rencontre était devenu une limonade dégazéifiée, là on y était vraiment.

C’était riquiqui, il y avait des fruits et des chips, les murs étaient sales et couverts d’affiches et d’autocollants, mais on n’aurait échangé le lieu et le moment pour rien au monde. Il y avait même de la drogue (!!), le bassiste Rich Mullins en a pris une bouffée et a immédiatement eu un regard vide qui ne l’a plus quitté de tout le concert. Quand j’ai vu sa tronche, j’ai décliné la proposition - pourtant conviviale - d’essayer le même produit.

Le concert fut évidemment exceptionnel, et si j’ai pu les voir si souvent ensuite avec un vif plaisir renouvelé, ça n’a plus été comme cette première fois, totalement magique (notons toutefois que notre premier Hellfest, en 2009, a commencé avec un concert de Karma to Burn).

Dans la rue, au sortir de la salle, on se disait en riant que notre prochaine étape serait le festival de Cannes.

On n’a évidemment jamais été invités au festival international du film, et on n’a jamais non plus pu reparler avec ces types. Le groupe a changé plusieurs fois de mouture, seul Will Mecum est resté indéboulonnable derrière sa guitare. Le voilà définitivement hors circuit, mais je suis certain qu’en prêtant l’oreille, on entend encore un peu de larsen.

Sébastien Bourdon

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