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Gojira « Fortitude »

mercredi 16 juin 2021, par Sébastien Bourdon

Surf Amazonia

Même si l’on suit Gojira de longue date, ce disque n’était pas forcément attendu. On avait un peu décroché avec le temps et notamment après un concert au Hellfest où l’enthousiasme du groupe à organiser des wall of death et où les filles montraient leurs seins nous avaient fait sentir un peu loin du truc, aspirant plus au rigorisme austère lié au genre (bref, on est vieux).

Et puis, on fait des enfants, qui grandissent, qui fouillent dans vos disques et se font ensuite leur propre chemin. Et de temps en temps, on se croise avec sur ces routes musicales, pas forcément droites ou parallèles. Et l’envie de replonger dans Gojira est revenue par ce biais, celui d’un enthousiasme tiers et juvénile.

Il est vrai aussi que la sortie de ce disque a fait l’objet d’une hype inhabituelle, nos metalleux du Sud-ouest ayant bénéficié d’une exposition médiatique surprenante (France Inter, Konbini, Quotidien, Le Monde etc.). On aurait presque cru revivre les très riches heures de Nulle Part Ailleurs (Canal +). On a pu en tout cas vérifier à l’occasion la simplicité et l’intelligence de ces garçons, avec qui on prendrait volontiers un verre pour discuter rock n’roll et avenir de la planète.

Les grandes expectatives peuvent toutefois provoquer des déceptions du même format et ce n’est heureusement ici pas le cas. Le doublé d’ouverture - « Born for One Thing » et « Amazonia » - vous cueille immédiatement et on nous permettra de dire que l’inventivité rythmique du batteur (Mario Duplantier) n’y est pas pour rien (pour vous faire une idée encore plus précise de ce percussionniste phénoménal, essayez également « Into The Storm », proprement sidérante).

S’il reste fidèle à sa chapelle de fer, le groupe ne se refuse rien en son sein. Et c’est ainsi que surgit un titre à la grâce inattendue à l’ouverture de la la face B (« Fortitude », comme le disque). Avec ce morceau Gojira tutoie les béatitudes spirituelles. La puissance que ce groupe déploie depuis l’origine (cf. « From Mars to Sirius » - 2005 - où la puissance du death se mariait merveilleusement avec la complexité du progressif) trouve ici une forme d’apaisement qui n’aurait surtout pas renié l’intensité.

Si le disque semble destiné à un parcours proche de celui que Metallica avait suivi avec le « Black Album » (1991), nulle trahison du style ou reniement des origines n’est à déceler. L’énergie de cette musique les habite toujours et pour peu qu’il en soit de même pour l’auditeur, personne ne se sentira lésé. De surcroît, il est certain que « Fortitude » (qui n’est pas un mot inventé par Ségolène Royal) va ouvrir la plus belle musique du monde à d’autres oreilles.

Ce disque offre cette joie rare que de regretter qu’il s’achève à la dernière note jouée. Heureusement, on peut le remettre.

Sébastien Bourdon

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