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« E stata la Mano di Dio » de Paolo Sorrentino

lundi 3 janvier 2022, par Sébastien Bourdon

Vivre à Naples et Partir

À Naples, dans les années 80, un adolescent s’éveille à l’amour et au cinéma, dans le contexte douloureux d’un trauma familial. Au hasard de ses rencontres et des événements, le jeune Fabietto (Filippo Scotti) va se décider un avenir.

Paolo Sorrentino est un cinéaste intéressant mais inégal, il est ainsi souvent aussi bien porté que trahi par ses audaces visuelles et narratives (à choisir, plutôt « La Grande Bellezza » que « Youth » donc).

C’est ainsi que le réalisateur italien, avec une touche indéniablement personnelle dans ses envolées visuelles baroques, se frotte au cinéma épique de ses aînés et modèles (de Fellini à Scorsese, en passant par Leone).

Pour cette dernière réalisation, Sorrentino est sorti du schéma habituel puisqu’il est allé chercher des financements sur les plateformes de streaming. Son film a donc, dès sa sortie, bénéficié d’une diffusion sur Netflix, avant même son passage en salles dans certains territoires (ainsi de la France).

Précisons tout de suite l’avoir vu au cinéma en Italie, exauçant nos espoirs exprimés dans notre précédente chronique.

D’une certaine manière, et cela se voit sur grand écran, Sorrentino filme pour la télévision. Son style grandiloquent et esthétisant est ici comme légèrement mis en sourdine. Moins de travellings virtuoses, peu de plans larges, mais beaucoup, beaucoup de corps et de visages filmés de près, pour ne rien risquer de perdre sur petit écran de ce que les personnages ressentent (l’exact contraire serait cette silhouette lointaine de Marilyn Monroe hurlant son désespoir dans le désert - « The Misfits » de John Huston - 1961).

Le style télévisuel se ressent aussi dans la narration, une manière un peu pesante de tout expliquer, de passer par des évidences signifiantes qui alourdissent le film d’autant qu’il est privé de l’habituelle folie du cinéaste.

Le film est une évocation de sa jeunesse et de ce qui l’a amené à saisir une caméra. Las, il s’appesantit aussi sur ses influences, sans les transfigurer : casting pour Fellini, cassette vidéo omniprésente de « Il était une fois en Amérique », l’ombre de Maradona etc.

Enfin, Naples est évidemment bien photographiée, mais on a l’impression de ne jamais y rentrer vraiment si ce n’est par le biais de clichés éculés, sans les transcender (le football qui donne son titre au film, la contrebande de cigarettes, les mammas généreuses etc.).

Le film serait très largement autobiographique, mais a-t-on tant de choses à raconter sur soi en ayant à peine plus de 50 ans ? Et qu’a même voulu nous dire Sorrentino ? On peine en effet à le voir dans un film aussi étiré que pataud dans ses développements et thèmes.

Sébastien Bourdon

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