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« Confessions d’un Hétérosexuel légèrement Dépassé » de Frédéric Beigbeder

samedi 8 avril 2023, par Sébastien Bourdon

Just a Man

Peser ses mots, l’exercice n’est jamais évident et là, tout particulièrement. S’il y a quelque chose d’admirable dans cet ouvrage, c’est quand même le courage (d’ailleurs ça rime).

Beigbeder, qui probablement s’aime beaucoup quand bien même il professe se châtier énormément, balance quand même un truc clairement à contre-courant.

Sans que cela surprenne complètement toutefois, il se pique en effet de défendre le mâle blanc contre le présupposé qu’il serait dominant, en partant de sa personne, cocaïnomane repenti, vaguement réac et obsédé sexuel banal.

Un geste de résistance contre le cliché dont il est un des plus célèbres représentants, ça ne manque pas de panache (et ce n’est quand même pas une attitude qui caractérise beaucoup l’époque, le panache). C’est en tout cas une belle manière - un livre - de se jeter aux lion.ne.s. Blandine aurait été impressionnée.

La maladresse assumée est de toutes les pages, c’est parfois un peu court, ou un peu trop geignard, mais il ne dit pas que des sottises loin de là, et il écrit bien (tout juste pourrait-on lui reprocher d’abuser un peu de formules, même bien tournées). Surtout, il y met ce qu’il faut de pincement mélancolique, et il fait rire ce qui est bien là l’essentiel (Annie Ernaux prend cher, mais si elle le prend mal, elle manque cruellement d’humour).

Ça ne changera probablement pas les préjugés à son endroit, mais si cela peut faire réaliser à certains tenants du juste et du bien - qui sont pour le moins légions par les temps qui courent - qu’entrer par effraction chez quelqu’un pour maculer sa demeure d’insultes sous forme de graffitis juste parce qu’il exprime une opinion divergente, c’est lâche et violent.

Ces quelques pages aideront peut-être aussi à arrêter la cocaine pour ceux que cela concerne (dont je ne suis point, ni n’ai jamais été, pas d’inquiétude Maman si tu me lis).

Parce qu’au fond, s’il a bien profité des femmes et de la fête, s’il a certainement été un petit con arrogant (mais drôle), en quoi cela l’interdit l’âge venu de dire des choses sensées et de ne professer finalement pas grand chose d’autre que des évidences qui permettent de faire société ? Ou plus objectivement, de seulement exprimer un avis ?

« Moraliser le monde est souhaitable, aseptiser la littérature ne l’est pas ».

Sébastien Bourdon

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