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Andrew Fletcher, a black celebration

samedi 28 mai 2022, par Sébastien Bourdon

C’est fou ce que les gens meurent, à croire que c’est une maladie transmissible. Dans la seule journée du 26 mai, l’acteur Ray Liotta, le batteur Alan White (Yes) et le clavieriste Andrew Fletcher (Depeche Mode).

La caractéristique première de ces disparitions - en dehors de s’être produites le même jour - est qu’elles arrivent un peu tôt, donnant un effet d’accélération un peu déconcertant au temps. On se doute bien de ce que rien ne dure toujours et qu’il en est des artistes comme des autres, il faut quitter la scène.

Mais prenons Andrew Fletcher, tout juste âgé de soixante ans au moment de sa dernière pirouette. Quand on échappe à l’overdose puis à la cirrhose et même au Covid, on croit les rock stars immortelles. Il faut croire que non.

Depeche Mode, dont il était un des trois piliers, était peut-être le premier groupe né au début des années 80 à marier grand public et exigence artistique et esthétique, le premier groupe qui donnait à ceux qui l’écoutaient l’impression d’être comme tout le monde sans l’être tout à fait. A la question type des rencontres adolescentes - « t’écoutes quoi ? » - Depeche Mode inscrivait dans une forme de crédibilité.

L’adolescence c’est le tumulte du corps qui devient prégnant et la tempête sous le crâne. Écouter « Black Celebration » (1986) ou « Music for the Masses » (1987), c’était trouver une musique qui dépassait les limites du cerveau pour atteindre l’extérieur, la chambre, le monde.

Pour les avoir vus à Bercy en 1986, je peux témoigner d’une ferveur dont j’ignorais alors même qu’elle existait. Mais leur musique froide et industrielle m’a amené ensuite vers quelque chose de plus organique, avec des guitares et des batteries pour crier sa rage au monde (Depeche Mode repris plus tard par les Deftones, les Smashing Pumpkins ou Ghost, ça se révèle en réalité assez cohérent).

Ce n’est pas un grief que l’on peut faire aux grands musiciens que d’amener leurs fans vers d’autres découvertes. Rien que pour cela on peut remercier Andrew Fletcher et les siens. On a été moins assidu avec le temps, mais on ne leur connaît ni mauvais titre, ni mauvais album, et cela aussi c’est une sacrée prouesse. Quelle était la part du défunt dans tout cela, musicien de surcroît moins flamboyant que ses compères Gahan et Gore, on ne sait, mais on va réécouter quelques disques, dans cet élan mélancolique irrépressible, le même qui me pousse à gratter encore quelques lignes.

Sebastien Bourdon

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