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Deftones, Olympia le 3 mai 2017

samedi 6 mai 2017, par Sébastien Bourdon

Age Tendre et Tête de Bois

Vieillir, c’est peut-être aller voir les Deftones à l’Olympia, avec places assises et numérotées.

Arrivés en cours de première partie, nous découvrons sans déplaisir Skyharbor, groupe de metal progressif produisant quelque chose de tout à la fois puissant et aérien. Amputé de son chanteur porté pâle, le groupe opte pour l’instrumental et cela semble plutôt une bonne idée tant leurs mélodies sont évocatrices. Leur musique, ainsi délestée, laisse soudainement la place à l’imagination. Le son est dense et puissant, si on n’était pas déjà un peu vieux, on l’aurait volontiers absorbé sans protections auditives.

Cet apéritif terminé, on écoute sans déplaisir l’electro de très bon ton assénée dans les enceintes (DJ Shadow ?). On est confortablement assis, on boit frais, le rock n’ roll n’est plus ce qu’il était, mais il bouge encore.

L’arrivée des Deftones chasse les derniers doutes quant à la nécessité d’être là. Prudemment, le groupe joue d’entrée de jeu quelques uns de ses succès ("My Own Summer", "Around the Fur"), que notre position assise empêche toutefois de goûter pleinement en bousculant un peu ses voisins par exemple. Dans un fauteuil presque moelleux, cette sauvagerie festive de notre jeunesse, c’est étrange.

Chino Moreno, s’il s’est cassé le pied il y a deux jours, est très en voix, ce qui tombe bien étant mixé très en avant. Problème, le reste du groupe est un peu noyé dans un son brouillon, la basse omniprésente écrasant le reste (si ce n’est la caisse claire).

Les titres défilent et on réalise que ce groupe a maintenant une longue carrière derrière lui. Si cela se trouve on n’a même pas tous leurs albums, bien qu’il nous ait semblé être resté fidèle à ces amours maintenant anciennes. À l’écoute en concert, la qualité constante de leur production est indiscutable. Et l’envie de la partager reste réelle.

Les membres du groupe, si l’on excepte la place du mort (le bassiste originel Chi Cheng), n’ont pas varié, chose suffisamment rare pour le souligner. Et c’est peut-être un peu de la foi des débuts qui est ainsi restée dans cette formation inchangée.

Bien qu’elle ait - légitimement - rencontré un indéniable succès, la musique des Deftones est étrange. On doute qu’il s’agisse de compositions à la guitare sèche au coin du feu. Plutôt quelque chose de musicalement obsédant, travaillé à partir de sonorités entêtantes et électriques, avec des assauts d’énergie pure ("The Knife" ou "Change" qui amenaient jusqu’aux frissons). Le tout porté par la pulsation rythmique d’un batteur maousse (Abe Cunningham).

Étrange sensation devant un tel spectacle que ce jeune spectateur assis devant nous, qui ne décolle pas de son écran connecté sur "Facebook direct", commentant en direct les images d’un concert auquel il assiste et qu’il filme pour une communauté de followers. Difficile de comprendre les tenants et aboutissants d’une telle démarche dans un monde à 45,90 Euros la place.

En remontant sur la scène pour les rappels une bouteille à la main, Chino vante les mérites de 1664 comme étant une "very good year". Propos qui nous sont allés évidemment droit au cœur.

Le concert s’est achevé par une interprétation enlevée de morceaux de leur début de carrière ("Bored", et un "Engine n°9" particulièrement sauvage). Cela m’a rappelé cet oncle qui ne jurait que par Ray Charles et qui trouvait que notre musique faisait un bruit de moteur.

"And God bless you all, for the song you saved us" ("Minerva")

Sébastien

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