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« A l’abordage » de Guillaume Brac

dimanche 25 juillet 2021, par Sébastien Bourdon

You Can’t Hurry Love

Il est des réalisateurs qui semblent toujours accomplir le même voyage, mais comme s’ils le faisaient différemment à chaque fois.

Guillaume Brac, film après film, creuse ainsi un sillon sensible, celui des rapports amoureux entre les êtres, comment ils naissent et meurent. Se refusant le plus souvent à trop de dramaturgie, ce sont les sentiments qui changent ou s’effacent, jamais les êtres, que l’on quitte plus ou moins satisfaits de leur sort au moment du lancement du générique de fin.

Félix (Eric Nantchouang), dragueur au physique avenant et au bagout décomplexé, séduit le temps d’une nuit de fête parisienne la jeune Alma (Asma Messaoudene). Elle le quitte parc Montsouris au petit matin, se dépêchant de prendre son train pour la Drome, afin de rejoindre les siens dans la demeure familiale pour y passer l’été.

Un peu déçu de la voir disparaître si vite, Félix s’emballe et embarque son copain Chérif (Salif Cissé), histoire de forcer un peu le destin et de rejoindre la jeune femme, sans la prévenir, sur son lieu de villégiature. Et c’est ainsi que nos deux petits gars de La Courneuve rencontrent Edouard (Edouard Sulpice) sur BlaBlaCar, garçon d’ascendance plus bourgeoise, qui va accomplir ce périple avec eux.

Évidemment, le cœur a ses raisons que la raison ignore, et rien ne se passera comme prévu. Entre déconvenues et imprévus, mais aussi enchantements et découvertes, l’été va se rappeler à notre trio comme le temps où, plus particulièrement, triomphent l’amour et le hasard (même pour les « galériens »). Brac fait en tout cas le choix d’esquiver le plus souvent la gravité et de rester dans un registre proche de la comédie, sans toutefois priver d’épaisseur situations et personnages.

Souvent attaché à portraiturer la jeunesse, à décrire l’inexpérience des âges charnières, les « vrais » adultes, restent le plus souvent hors-champ, comme la mère d’Edouard dit « chaton » dont on ne verra que la voiture utilisée par le trio et dont on entendra la voix maternante à l’excès dans le téléphone portable de son fils.

Pour la réalisation de ce qui est à l’origine une sorte de commande du Conservatoire National d’Art Dramatique, Guillaume Brac a longuement côtoyé les acteurs retenus pour être au plus près de leurs personnalités, mais aussi de leur connaissance et de leur vécu des contrariétés et tracas de leur âge.

C’est ainsi qu’en plus d’être joué par des comédiens débutants mais remarquables, le film baigne dans une sincérité continue.

A cela s’ajoute le choix du moment - l’été, comme temps du possible à l’âge des possibles - et le lieu, la Drôme, entre plaisirs aquatiques et soleil libérateur.

Le film évoque en filigrane l’époque en prenant quand même soin d’être intemporel, comme peut l’être le sentiment de l’été. Faire de vrais films aux allures de faux documentaires, ou l’inverse, tel est le projet abouti de cette nouvelle réussite de Guillaume Brac.

Sébastien Bourdon

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