« Wahou ! » de Bruno Podalydès

Cinéaste qui dissimule le plus souvent son pessimisme naturel sous un petit théâtre burlesque, faisant primer la légèreté sur la gravité, Bruno Podalydes semble cette fois verser un peu plus du côté obscur.

Une troupe d’agents immobiliers se démène pour vendre dans les Yvelines une somptueuse, mais un peu décatie, demeure ancienne et un appartement avec tout le confort moderne. Oracio Sanchez (Bruno Podalydes) cornaque un stagiaire vaguement insolent (Victor Lefebvre) quand Catherine Bourbialle (Karin Viard) exerce essentiellement en solitaire, au boulot comme dans la vie en somme.

La baraque ne manque pas de charme, et ses propriétaires non plus (Sabine Azema et Eddy Mitchell), mais comme souvent dans la vie rien ne marche comme on le voudrait. Entre les visiteurs qui n’ont pas forcément le coup de cœur et les occupants qui n’entendent pas si facilement se défaire de leur bien historique, ça coince, ça achoppe, ça n’aboutit pas.

Et petit à petit, cette complexité à conclure une opération commerciale banale devient une parabole tragi-comique des vicissitudes de l’existence : l’amour et ses contrariétés, le temps qui passe, la perte, la mort.

Ce qui pourrait donner un film à sketches - ne serait-ce que par son découpage et l’apparition de figures pour à peine plus d’une scène - les potentiels acquéreurs - forme en réalité un tout cohérent, délicatement tragique puisqu’on a l’élégance de nous faire rire.

Ce que révèle surtout cette humaine agitation, c’est que l’on est seul au monde, et que ce que l’on a bâti se désagrège immanquablement.

Finalement, on peut s’estimer heureux si, l’âge venu, on a quelqu’un pour fuir l’absurdité de l’existence, se cacher au grenier pour y regarder de vieilles photographies et relire Tintin.

Sébastien Bourdon