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Stairway to Heaven

vendredi 6 mai 2011, par Sébastien Bourdon

Cette semaine, le député Patrick Roy a eu la mauvaise idée de quitter définitivement l’hémicycle, en quelque sorte, « Elvis has left the building ». Voilà un de mes semblables que je regretterai amèrement et qui ne m’a jamais semblé médiocre.

J’ai eu le plaisir de le rencontrer deux fois et de deviser avec lui. J’avais auparavant été charmé par ce député, pour l’avoir vu évoquant sur les bancs de l’Assemblée les mérites comparés de groupes comme Mass Hysteria ou Gojira, afin d’étayer un discours sur la loi HADOPI ou sur le soutien à la création musicale française. Une fois le côté folklorique dépassé (le « rock metal » comme on dit au Palais-Bourbon), force est de constater qu’à droite comme à gauche, il était reconnu comme un travailleur acharné de dossiers, n’oubliant jamais au contact de ses administrés (la ville de Denain) la réalité du quotidien des électeurs. On en serait venu avec lui à militer pour le cumul des mandats !

Nous l’avions rencontré au Trabendo lors d’un concert de Mastodon. Il était là, portant comme de coutume veste rouge et cravate, accompagné de son fils, visiblement fidèle à ses convictions comme à ses goûts. Nous avions devisé dans la nuit et ce dernier avait comparé très justement le groupe que nous venions de voir au King Crimson des années 70.

En juin dernier, on pouvait le voir sur les pelouses du Hellfest, nous nous sommes salués et avons convenu que le spectacle du metal international avait infiniment plus d’allure que les milliardaires en shorts sévissant au même moment en Afrique du Sud (évoquant la grève des joueurs français lors de la Coupe du monde de football 2010, propos qu’il réitérera d’ailleurs dans une interview au Monde).

Puis, en décembre, la nouvelle de sa maladie nous est parvenue. Nous lui avons écrit afin de l’assurer de notre soutien, on ne sait s’il a jamais réceptionné ce message, mais Patrick Roy était homme à apprécier dans la souffrance ce genre de manifestation sincère d’affection.

Contre toute attente, il est revenu au mois de mars 2011 à l’Assemblée Nationale, grâce à une rémission extraordinaire à laquelle on voulait croire, l’ayant comme extirpé du territoire des morts. De ce séjour près des limbes, il avait gardé tous les stigmates, le corps maigre et la voix encore incertaine. A l’issue de son très beau discours, l’Assemblée s’est levée pour l’applaudir et on a eu envie de croire à la vie comme à la République.

Mais il n’y a pas de miracle, il nous a finalement quittés, laissant notamment derrière lui une foule immense de chevelus en larmes qui ne manquera pas de le saluer une dernière fois sur les pelouses de Clisson.

Un journaliste faisant état de sa disparition, concluait son article en ces termes : « Cet homme appelait un seul mot : respect  ». On ne saurait mieux dire.

Sébastien Bourdon

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