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Paul Mc Cartney - « Got Back », La Défense Arena, le 5 décembre 2024

vendredi 6 décembre 2024, par Sébastien Bourdon

« Salut Paname ! »

Enfant, fouiller dans les disques du père, poser « Abbey Road » (1969) sur son tourne-disque rouge, écouter « Oh Darling », et découvrir deux évidences : l’amour, ça sera compliqué, mais le rock n’roll sera toujours là pour nous aider (quitte à hurler un peu, ça fait pas de mal).

Enchaîner sur la même platine, jusqu’à usure du diamant, « Band on the Run » (1973), qui figera pour l’éternité le goût des petits opéras pop-rock, où la délicatesse des mélodies est soudainement attaquée par des guitares tranchantes.

Alors, pourquoi ne va-t-on jamais ou presque voir de si grosses têtes d’affiche : parce qu’il faut beaucoup aimer faire la queue. Subir au sein d’une foule dense une absence totale de convivialité, ballotté dès la sortie du métro entre des murs et des escaliers de béton pendant des plombes pour parvenir finalement à s’asseoir à sa place dans l’arène.

Mais au regard de l’âge du capitaine, il s’agissait de ne plus prendre le risque d’une vie sans avoir vu - même réduit et de loin - Paul Mc Cartney.

Comment est-ce que - ce que l’on aurait autrefois appelé un « vieux monsieur » - parvient dans un lieu aussi impersonnel à donner l’impression d’un groupe qui joue dans votre salon ? Cela doit tenir à ce catalogue inouï de chansons et à une volonté chevillée au corps de maintenir debout ce truc que l’on appelle l’enthousiasme juvénile, quand bien même la jeunesse serait depuis longtemps enfuie.

Ainsi, lorsqu’il joue « Blackbird » seul en scène avec sa guitare, on a l’impression, alors qu’il est à des kilomètres de soi, qu’on va lui taper dans le dos et lui dire : « mec, elle est super ta chanson, tu reveux une bière ? »

Mc Cartney ne radote pas, ainsi en interprétant de réelles pépites : des extraits inattendus du répertoire solo de l’artiste (« Junior’s Farm » !), des titres récents pas indécents (« Come On to Me »), etc. Ce sont des initiatives de cet ordre qui permettent de garder ce truc frais quand il pourrait être noyé dans une mélancolie frelatée.

Il y eut probablement un peu trop de tubes des Fab Four, mais franchement, se plaindre serait indécent. Surtout quand Mc Cartney joue la plus belle chanson du monde, « Something » (qui n’est pas de lui, mais de Georges Harrison). Et bizarrement, interpréter pour de vrai « Now and Then », cette chanson sortie en 2023, reconstruite à partir d’une démo de John Lennon, s’est révélé proprement bouleversant.

Enfin, la voix de Macca est un peu fatiguée - mais ce n’est pas cette absence d’artifice qui en diminue la grâce, bien au contraire - quand de surcroît le poly instrumentiste qu’il est ne semble pas guetté par la polyarthrite.

Tout cela a donné à cette longue et généreuse soirée un parfum d’éternité fragile, et quand Paul nous a salués par un « à la prochaine », on a eu envie d’y croire.

Sébastien Bourdon

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