« LOVE CHAPTER 2 » de Sharon Eyal & Gai Behar - Espace 1789, le 7 février 2025

Les sept corps androgynes (quatre femmes, trois hommes), d’autant plus difficilement discernables dans la pénombre qu’ils sont tous vêtus d’une matière neutre, vague prolongation de leur peau.

Ils entament leurs premiers mouvements.

Une pulsation sonore dépouillée semble animer leur gestuelle commune, quand bien même ils font un art dansant de ne pas être complètement ensemble.

Le son s’épaissit progressivement de couches sonores supplémentaires, complexifiant les mouvements des danseurs.

La rythmique reste martiale et semble ne devoir jamais s’interrompre. Les figures arpentent l’espace, ensemble ou séparément, se retrouvant toujours pour se disjoindre ensuite, seuls ou en groupe.

Rien ne freine leurs déplacements, leurs gestes tantôt saccadés, tantôt gracieux, sont comme une mécanique horlogère, prévue pour durer jusqu’à la fin des temps.

Insectes, machines, humains, flux et fuites, au rythme d’un mambo abâtardi par la techno berlinoise, ils se meuvent et on les regarde comme une force de vie supérieure : quand respirent-ils alors que nous avons le souffle coupé ?

Une petite heure et brusquement le rideau tombe, la salle reprend son souffle, se lève et applaudit à tout rompre.

Sébastien Bourdon