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Metallica - Stade de France, le 17 mai 2023

vendredi 19 mai 2023, par Sébastien Bourdon

The Memory Remains

On commence par où avec Metallica ? Pratiquement 40 ans avec eux : des disques - vinyles, K7 ou CD - des affiches, des tee-shirts, des patchs, des revues, des livres, des films, des chroniques parce que pas mal, si ce n’est beaucoup de concerts. Des soirées mémorables, dont un concert privé à l’Élysée-Montmartre à la sortie de l’album « Reload » (1997), le moment « Wayne’s World » d’une vie de fan.

Les américains adorent évoquer des trucs qui « changent une vie », de ce côté du clavier, on dirait que c’est quelque chose qui se serait passé durant le solo de « Whenever I May Roam » à Bercy en 1991 : si c’est ça, on va s’aimer toute la vie.

Une histoire qui dure aussi longtemps rencontre nécessairement des crises, des hauts et des bas. On est un vieux couple. Mais l’amour est peut-être resté aveugle, car je ne leur connais aucun mauvais disque (oui, même « St Anger » - 2003, et même « Lulu » - 2011).

En revanche, en concert, nonobstant de louables efforts pour faire bouger l’ordre des titres et y inclure de la rareté, ça finissait par virer un peu au pilotage automatique, avec invariablement tous les tubes pour faire plaisir à un public de moins en moins spécialiste, venu voir un groupe devenu mainstream comme une obligation socio-culturelle.

Cette sensation était aggravée par une perte de cohésion musicale, et un désintérêt flagrant de certains pour une pratique assidue de leur instrument. Jason Newsted parti (basse et chœurs de 1986 à 2001), Metallica perdait aussi beaucoup de son intensité et de sa précise sauvagerie. On ne s’ennuyait pas, mais ça ronronnait gentiment.

Ce mouvement s’accompagnant d’une phénoménale augmentation du coût des billets, le cœur y était donc un peu moins. Tant et si bien que se rendre une fois de plus au Stade de France ne semblait pas forcément prioritaire.

Et puis, une addiction progressive au dernier album (« 72 Seasons ») et les set-lists des shows d’Amsterdam deux semaines avant ont suffi à rendre le déplacement essentiel si ce n’est impératif.

On ne s’étendra pas sur les premières parties, là-dessus, aucun aveuglement sensible possible, Metallica a perdu la main : tout au long des années, on les a vus être précédés sur toutes sortes de scène par des artistes géniaux comme Corrosion of Conformity ou Alice in Chains, et plus récemment par Ghost, Gojira ou Kvelertak. Mais cette fois ce sont notamment les épouvantables Epica qui les précèdent : groupe qui donne la déplaisante impression de trois disques joués en même temps, aux styles divers et aux rythmes variables, sans que jamais rien ne semble aller à l’unisson.

Et puis, une fois de plus, sur les multiples écrans de la scène centrale apparaissent les dernières images du film « Le Bon, la Brute et le Truand  » (1966), rythmées par la musique éternelle d’Ennio Morricone (« The Ecstasy of Gold »). A ce stade, selon son degré d’investissement émotionnel dans le fanatisme pour le quatuor, on oscille entre l’hyper excitation et les larmes de joie.

Le programme est annoncé dès la première note, avec la basse virulente de « For Whom the Bell Tolls » (« Ride the Lightning » -1984) : ce morceau n’a jamais été joué en ouverture d’un de leur concert. Il est immédiatement suivi par une rareté, « Ride the Lightning », de l’album éponyme précité.

Metallica joue ce soir en stade certes, mais pour ses fans, en dégainant dans un ordre surprenant des titres souvent parfaitement inattendus. Ils ont ainsi interprété l’obscur «  I Disappear », mais pas leur tube massif, « Enter Sandman » (« Black Album » - 1991).

Pour le fan béat, c’est une forme de fête inespérée, durant laquelle un groupe à la solidité redevenue indiscutable envoie dans l’air de Saint-Denis des rafales de notes brûlantes.

Quel plaisir que de s’interroger sur ce qui va être joué et comment, et de se retrouver plongé dans tous les âges du groupe avec un enthousiasme rafraîchissant et revigoré.

Et c’est ainsi que l’air de rien, nous a été offerte une des plus belles prestations des Four Horsemen de longue date.

Seuls bémols, un stade insuffisamment rempli en ce frais mois de mai et des animations vidéos de qualité, certes, mais on aurait préféré plus de plans de nos héros du soir, qui ont été impériaux.

A la fin de ces plus de deux heures passées à la vitesse d’une météorite, pas de rappel, mais de longs adieux énamourés. En fond, une vidéo de feu d’artifices (!?), laissant à penser qu’avec le grand âge, les derniers concerts de Metallica se clôtureront sur des images de paisibles coins du feu.

« Give me fuel (on I burn, on and on)
Give me fire (on I burn, on and on)
My desire (on I burn, on and on)
 »

Sébastien Bourdon

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