« Mes Jours de Gloire » d’Antoine de Bary

Vincent Lacoste est comme tout le monde, il vieillit (bientôt 27 ans). Simplement, nul mieux que lui pour incarner la survivance de l’enfance et de l’adolescence dans un physique adulte. Ce qui tombe bien en l’espèce, s’agissant de nous narrer les aventures comico-dépressives d’un jeune garçon qui a du mal à trouver l’homme en lui.

Il incarne ici Adrien qui a connu la gloire éphémère d’un enfant acteur et depuis, peine à poursuivre la carrière, traînant de castings en auditions, espérant rebondir dans le même sens.

Sa mère est psy (toujours impeccable Emmanuelle Devos), son père est... surtout paumé (inattendu, mais exceptionnel Christophe Lambert !). A force de perdre les clés de son appartement (et de n’en point payer le loyer), le voilà contraint de retourner chez eux, et de découvrir que ses géniteurs sont sur le point de cesser de vieillir ensemble.

Désœuvré mais désirant, Adrien se frotte aux filles, mais on sent bien qu’il maîtrise mal le sujet, manquant aussi bien d’expérience que de confiance en soi. Son rapport aux femmes synthétise ses errances : il voudrait tant, arrive si peu et fuit si vite. Incapable de faire face à la réalité des désirs et sentiments, le jeune Adrien est comme coincé dans son lui-même enfant, jusqu’à la conviction de l’impuissance.

Le tableau n’est pas rose, et ce personnage fort bien incarné finira par se heurter violemment à ses incapacités et échecs au prix d’un effondrement psychique que son humour ravageur n’arrive plus à contenir.

Rarement la difficulté à se trouver aura été aussi bien incarnée. Adrien n’a que ses blagues et sa nonchalance pour tenter de ne pas sombrer, son culot n’étant que de façade. Et c’est une bien maigre armure que la rigolade.

Le film, très drôle au départ, vire évidemment à une forme de mélancolie, sans se perdre, ni dans la forme, ni dans le ton.

Sébastien Bourdon