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Maudits - Médiathèque Marguerite Duras, le 29 novembre 2024
samedi 30 novembre 2024, par
La Délicatesse
Pour arriver jusqu’à l’auditorium, il faut traverser une longue allée de rayonnages de livres, autant dire que ce concert se présentait sous les meilleurs auspices.
Il y a de quoi faire un inventaire à la Prévert des lieux variés et divers où on a vu Maudits (cinq fois rien qu’en 2024) - sans l’ombre d’un commencement de lassitude : sur deux péniches parisiennes, à Savigny-le-Temple comme à la capitale, au sein du Ministère de l’économie et des Finances, dans une église désacralisée montpelliéraine, et ce soir dans une médiathèque du 20ème arrondissement.
Il n’y a pas que la géographie qui varie, il y a la configuration aussi : c’est un trio qui augmente ou réduit en nombre selon les volontés artistiques, mais aussi selon les tuiles du moment. Ainsi du batteur au dos bloqué ou de la violoniste qui a une angine de saison, dernière malédiction (ahah) qui frappait le groupe ce soir.
C’est donc à deux et pas plus que Maudits a pris d’assaut la médiathèque : l’insubmersible soldat Dubuc à la guitare et aux effets, et Raphaël Verguin au violoncelle.
Les lieux et le nombre de musiciens appelaient à un dépouillement de la musique, pour n’en garder qu’une ossature sur laquelle on apposerait délicatement quelques légères couches de sons et de notes. Et il ne leur a pas fallu plus de trente secondes pour convaincre.
Au cours d’un set ramassé, où l’extrême concentration était au service de la musique, nous a été en effet offert un moment de grâce, en un temps comme suspendu. Maudits ne cesse de se réinventer, faisant fi des contraintes pour nous emmener dans des territoires d’une beauté saisissante, qu’on ne voudrait jamais quitter et en tout cas toujours y revenir.
On a probablement tous notre musique, qu’elle soit d’origine ou fabriquée par le métier de vivre. Et parfois, quelqu’un, dehors, la joue, et on la reconnaît. Passé l’effet de surprise, elle fait en nous écho et résonance, puis on s’y abandonne.
« J’aimais la musique avant tout. Plus que tout. C’est pour ça que j’écris des livres. J’écris des livres dans une place difficile, c’est-à-dire entre la musique et le silence » (Marguerite Duras).
Sébastien Bourdon