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Glabre - Maudits - Morne - Montpellier, le 26 octobre 2024
vendredi 8 novembre 2024, par
Le pays où le noir est couleur
Il pleut comme vache qui pisse sur Montpellier, le temps idéal pour visiter un monument local : ça tombe bien le concert de ce soir a lieu dans une église (la Maison des Chœurs).
La soirée commence par Glabre, un seul en scène pour un homme qui s’accompagne de sa guitare et de sa voix, couplées avec quelques beats et boucles. La musique est dépouillée mais l’homme est habité, comme possédé. Sa voix de tête module et l’intensité des sentiments exprimés est joliment tempérée par la décontraction souriante de l’homme entre deux morceaux.
Un truc surgi de nulle part, aux frontières imprécises de l’étrangeté, mais extrêmement convaincant.
On aura vu Maudits sur deux péniches parisiennes différentes, en banlieue périurbaine et à la capitale, et même au Ministère de l’économie, il était temps d’aller en région pour poursuivre l’aventure sonique.
Trio qui aurait du ce soir être quatuor, mais qui est finalement ramené à trois (basse, guitare, violoncelle), sans batteur, porté pâle, hélas. L’imprévu gouverne l’existence, et n’empêche pas le groupe de faire montre de son habituelle virtuosité.
Maintenant rompus à l’exercice de l’électro-acoustique, les musiciens se libèrent, délivrant plus encore de leurs notes cristallines, se défiant de l’enfermement temporel et rythmique des boucles et séquences qui remplacent leur batteur.
En l’église, on n’a donc cessé de tutoyer le divin en leur compagnie. Parfaitement agencé, ils nous ont délivré un set miraculeux de complicité musicale et d’élégance de tous les instants.
Les américains de Morne avaient pour devoir de clôturer la soirée, et le style offert au public connut là un autre changement radical. Musique lancinante et pesante, suintant un bayou qu’on arpenterait comme à la guerre.
Avec une sacrée force de frappe, le groupe étire de longues intros, avant de se jeter dans des hurlements monocordes durablement efficaces.
Leur prestation a tout de la formule, mais il faut reconnaître qu’elle est efficace. Avec tout ce gras, on devrait tenir l’hiver.
Sébastien Bourdon