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Dirge for November

Opeth, le Bataclan, le 5 novembre 2014

jeudi 6 novembre 2014, par Sébastien Bourdon

Dimanche matin, ma boulangère m’a félicité pour ma veste en jeans couverte de patchs, en rougissant comme une jeune fille (qu’elle est). Nous ne sommes pas seuls, d’ailleurs le concert d’Opeth était complet.

Avec Opeth, je compte beaucoup de rendez-vous manqués, des billets non pris, des passages trop tardifs à l’issue de Hellfest harassants, du coup, ce groupe suédois manquait anormalement à mon carnet de bal. Il était donc temps, et un début d’angine n’y changerait rien, j’en serai.

Pour les béotiens, on pourrait définir la musique de ce groupe comme étant un curieux mélange des formations Death et King Crimson. En effet, à l’origine plutôt orienté vers le death metal progressif, Opeth s’est tourné vers une musique plus éthérée, renonçant au chant « growl » pour privilégier des structures compliquées et mélodiques, empruntant largement à la musique progressive et au jazz rock des années 70 (Magma, Weather Report…). Il est des orientations que l’on pourrait trouver moins séduisantes, du moins chez l’auteur de ces quelques lignes.

Alors que le froid de l’hiver gagne finalement la ville, nous trouvons raisonnable de nous sustenter un peu avant le concert, manquant de ce fait la prestation de première partie, le groupe français Alcest. Une écoute rapide sur Internet donnait l’impression d’un groupe sonnant comme Indochine s’essayant au Black metal (brrrr…). En tout cas, en entrant dans la salle, il nous a semblé que le public avait apprécié.

Opeth entre en scène avec l’ouverture de leur magnifique dernier album « Pale Communion » (2014) : « Eternal Rain Will Come ». Le son est presque impeccable, l’exécution parfaite, on ne doute pas du bon moment à venir, et même au-delà.

Ce qui force le respect, quand on est un tant soit peu mélomane, c’est la capacité à tout jouer, et même à tout bien jouer. A ce jeu là (on joue la musique n’est-ce pas), Opeth impressionne et réjouit. Les montées en tension tout le long du concert sont admirablement exécutées et les cinq musiciens brillent également dans l’exercice de leur art par leur capacité à laisser de la place aux autres, qualité qui n’est pas toujours évidente lorsqu’il faut jouer vite et fort. Ainsi, même quand la musique se fait plus agressive, l’équilibre entre les instruments ne faiblit pas, chacun se distingue sans écraser personne.

Le groupe alterne les morceaux devant une audience conquise, ravie du surgissement de la nouveauté (« The Devil’s Orchard ») comme de titres plus anciens (« Bleak »), les écrins de douceur (« Windowpane ») ne provoquant également pas moins d’enthousiasme que les cavalcades épiques et sauvages (« The Grand Conjuration », « Deliverance »).

Onze albums, « autant que les Rolling Stones » comme le déclarera en riant le leader Mikael Akerfeldt, et autant de disques aux ambiances variées, marquant à chaque fois ce souci d’emprunter des chemins divers et exigeants. A ses qualités musicales, Opeth ajoute un sourire constant grâce aux capacités drolatiques et pince-sans-rire de son chanteur et principal compositeur Akerfeldt. « Old records, old songs… old men on stage » ainsi présente t’il son groupe, et pourtant quel appétit, quelle jeunesse.

Nos amis suédois finiront par nous quitter non sans avoir joué tout de même près de deux heures ininterrompues. Le groupe cultivant les formats longs, on aurait accepté que cela dure plus encore, tant de titres restant à jouer.

A l’issue du concert, nous sommes retournés au bar jouxtant la salle du Bataclan, la sémillante serveuse des lieux m’a reconnu et immédiatement tutoyé (ma chère et tendre était occupée avec son mojito, mais cela ne lui a quand même pas échappé). C’est fou, le death metal rendrait donc jeune et séduisant ?!

Sébastien

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