David Gilmour - « Luck and Strange »

Ça intéresse probablement quelques survivants d’une époque, mais pour ce qui est des curieux de la contemporanéité, j’ai des doutes. La carrière solo de David Gilmour n’a de surcroît jamais tutoyé les sommets de Pink Floyd, mais a connu ponctuellement quelques instants de grâce. De toutes façons, il sera toujours pardonné au divin guitariste : il effleure les cordes, et on sait que c’est lui.

Ainsi de ce nouvel opus, « Luck and Strange  », que personne n’attendait - en tout cas pas nécessairement moi - et qui s’avère d’une rare élégance et dénué de toute prétention.

À l’âge vénérable atteint par l’anglais (78 ans), on sent bien qu’il n’imagine même pas une seconde nous pondre à nouveau une somme floydienne qui fera date dans l’histoire des chaînes hi-fi.

Tout semble ici résider dans la saine intention : réunir de fins musiciens dans la campagne anglaise et en tirer un disque, aussi subtil que parfaitement orchestré.

Tout tient donc par la modestie et le souci du travail bien fait, savamment entretenus par un vieil artisan qui se fout probablement pas mal d’avoir encore quelque chose à prouver.

Et si la première écoute peut laisser au bord du chemin, sans que cela soit toutefois déplaisant, insister un peu révèle des trésors de délicatesse dans lesquels on se love bien volontiers.

Difficile en effet de trouver musique plus automnale, comme composée pour faire face aux jours qui raccourcissent et aux premiers frimas. Avec un certain sens du timing saisonnier, Gilmour parvient encore à tirer les marrons du feu.

Que celui qui, adolescent dans un train pour Briançon, n’a pas chialé sur son Walkman en écoutant « The Great Gig in the Sky  » me jette la première pierre (de ballast).

Sébastien Bourdon