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Alice Cooper, 2 octobre 2024, Zénith Paris - La...
jeudi 3 octobre 2024, par
Alice Cooper, 2 octobre 2024, Zénith Paris - La Villette
Trouble Man for Trouble Times
Il peut être de bon ton de « réviser » un peu la discographie d’un artiste avant le spectacle, histoire de se remettre dans le bain : les hasards du carnet de bal ne rejoignent pas forcément les lubies musicales du moment, obligeant à laisser un peu de côté l’actualité de sa platine pour redécouvrir celui qu’on va revoir sur scène.
On parle ici d’Alice Cooper - 76 printemps, cinquante ans de carrière et 30 albums - ce qui a deux conséquences : on manquera peut-être de temps pour tout réécouter, et de toutes façons, il ne jouera pas tout.
Quelques heures d’écoute permettent de vérifier la qualité de sa production discographique. En effet, rares sont les franchement mauvais disques. Il a pu s’égarer parfois, tenter de coller aux époques quand il les avait le plus souvent précédées ou côtoyées, mais globalement, ça reste frais, curieux, parfois audacieux, le plus souvent enthousiasmant.
Vincent Furnier s’est toujours démerdé, quelque soit son équipage et l’âge du capitaine, pour faire de belles traversées sonores.
Ensuite, pour l’avoir vu un paquet de fois ces trente dernières années, on n’a jamais été déçu, c’était toujours impeccable. La leçon a été prise chez Oscar Wilde : « L’important est d’être constant ».
C’est donc le cœur aussi joyeux que léger que l’on s’est rendu au Zénith, sûr de son coup. Et pas de suspens : l’artiste était une fois de plus au rendez-vous, fidèle au poste comme à sa réputation.
Alternant tubes de toutes les époques, de « I’m Eighteen » à « Poison », en passant par « Feed my Frankenstein » et « Welcome to my Nightmare », sans oublier le « School’s Out » de clôture, Alice et les siens font mouche, et à fin de l’envoi ils touchent.
La recette n’est pas nécessairement dans le décorum - un peu plus sobre qu’à l’accoutumée - mais probablement aussi dans l’indéniable joie communicative du groupe.
La musique jouée est évidemment formidable, justifiant l’immense respect dont bénéficie Alice Cooper depuis des lustres chez ses pairs (de Sinatra aux Melvins), mais en plus on se marre sous la virtuosité.
Les fines lames derrière les instruments ont dépassé le statut de simples accompagnateurs chevronnés pour former une entité soudée et redoutable : un groupe, un vrai (ce qui ressort clairement du dernier album en date, sorti l’an passé - « Road »).
Tout cela se ressent, se transmet et se partage dans une sorte de cercle vertueux que l’on voudrait infini (et une telle forme à 76 ans a comme un parfum d’éternité).
Comment se refuser au plaisir esthétique et auditif quand il est augmenté d’un serpent, d’une veuve noire, d’une camisole de force et d’une guillotine ?!
Le cauchemar d’Alice a tout du rêve éveillé.
Sébastien Bourdon