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Aimez-vous Brahms ?

Arcadi Volodos - Récital de piano - Festival de piano de la Roque d’Anthéron le 14 août 2016

mercredi 17 août 2016, par Sébastien Bourdon

Arcadi Volodos - Récital de piano : Schumann, Brahms et Schubert - Festival de piano de la Roque d’Anthéron

En arrivant, nous constatons que la voie publique est dûment bloquée par un véhicule de Police Municipale, l’expérience niçoise sans doute. A l’entrée du site, on nous examine au détecteur à métaux, un contrôle comme à l’aéroport, mais le seul avion que nous prendrons sera fait de gammes et portées.

On subit gentiment ces contrôles, même si l’on peine toujours à imaginer dans cette foule majoritairement blanche et franchement chenue, quelque chose qui ressemblerait à un terroriste. La menace, si elle existe ce soir, viendra clairement de l’extérieur (et ne viendra d’ailleurs pas).

Mon fils aîné, présent presque "à l’insu de son plein gré", alors que je lui fais remarquer qu’il fait largement baisser la moyenne d’âge, me rétorque que je contribue également au même phénomène. Passer pour jeune auprès d’un jeune, la soirée se présentait décidément sous les meilleurs auspices (et non hospices).

Le pianiste Volodos se glisse sur la scène, petit homme rond, sérieux comme un pape, et habillé comme un pasteur.

L’entrée en matière constitua un plaisant apéritif : Schumann (Papillon opus 2) et Brahms (Trois Intermezzi opus 117). Des airs connus, une maîtrise indéniable, un joli toucher. Rien de renversant, mais l’élégant piano dans les parfums de la nuit provençale produit immanquablement ses doux effets sur l’âme.

Le temps d’une pause pour lui, et pour nous d’un apéritif, on reprend avec du Schubert (Sonate numéro 22 en la majeur D. 959), et c’est tout de suite beaucoup plus intense. Il apparaît que c’est ici et maintenant qu’il était prévu de faire forte impression.

Tout d’abord, on a eu beau nous dire un jour que ce n’était pas ce qu’il y avait de plus difficile pour un musicien aguerri, toutes ces notes jouées sans partition, sur la seule foi de la mémoire, c’est à chaque fois très impressionnant.

Ensuite, quel spectacle que de voir ce pianiste comme débordé de sa propre musicalité. Il semblait ainsi parfois vouloir s’éloigner de ses mains, comme intimidé de leur audace et de leur vélocité.

Enfin, comment ne pas être fasciné par un garçon capable des élans virtuoses les plus vifs mais également d’atteindre des sommets de délicatesse, sans jamais se départir d’une constante intensité dans l’exécution.

Il a légitimement fallu quatre rappels pour que nous acceptions de nous séparer. Visiblement ému par l’enthousiasme du public, Volodos s’est écarté de son piano pour s’approcher du devant de la scène, comme un hôte saluant chaleureusement ses convives après une excellente soirée.

Enfin, un bémol, un seul, mais il ne concerne pas l’artiste, le concert non encore achevé, et sans attendre les rappels, il y en a toujours pour partir avant et déranger de leur indélicatesse les honnêtes mélomanes. Espérons leur une infection urinaire ou une rayure à leur véhicule, ça leur forgera les manières.

Sébastien

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